CRIMES SEXUELS 

JE COMPTE LES MORTS
Geneviève Lefebvre
(Libre Expression)

Un scénariste fauché vit seul sur sa ferme avec un cochon depuis que sa femme l’a laissé. C’est la déprime. Jusqu’à ce qu’il se voie offrir une occasion en or par une productrice fortunée: réécrire pour le cinéma l’histoire de Maria Goretti, cette martyre violée et poignardée à l’âge de 11 ans. Une contrainte cependant: l’action doit se dérouler, non pas en Italie au début du 20e siècle, mais à Pointe-Saint-Charles PQ aujourd’hui. Pour quelle raison? Et pourquoi cette histoire-là en particulier? On finira par comprendre les motivations de la productrice, mariée à un chef mafieux. Entretemps, une vague de meurtres en série déferle sur le quartier où doit avoir lieu le tournage du film. Les cibles préférées du tueur: des adolescentes vierges et pures…Ouf! C’est du solide, du morbide, du sanglant. Et du tricoté serré. Ce premier polar de la scénariste, réalisatrice et productrice des capsules Web Chez Jules TV, qui s’est fait connaître grâce à son blogue Chroniques blondes, n’est sans doute pas le dernier.

 

 

 

 

CRIME PASSIONNEL

UN JOUR PARFAIT
Melania G. Mazzucco
(Flammarion)

JourParfait-EQ243.jpg

Ce pourrait être un jour comme les autres, à Rome. Un jour ordinaire au sein d’une famille désunie; où le mari ne se remet pas de sa séparation, n’accepte pas d’être privé de la présence de ses enfants; où l’épouse tente envers et contre tout de refaire sa vie, dans l’appartement exigu de sa mère acariâtre; où le jeune garçon du couple se fait brutaliser par ses pairs à l’école avant d’être adulé par une petite princesse qui a toujours tout cuit dans le bec; où l’adolescente de la maison ose son premier piercing. Ce pourrait n’être que ça: une chronique de la vie quotidienne à la romaine. Une histoire de drame conjugal comme il s’en passe partout dans le monde. Mais c’est puissant, violent.

 

 

 

 

 

 

CRIMES EN TOUS GENRES

LE CONTRAIRE DE LA MORT
Robert Saviano
(Robert Laffont)

 

ContraireMort-EQ243.jpg

Il a publié il y a quelques années Gomorra, un livre- enquête qui mettait en lumière les rouages du système mafieux napolitain et qui s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires avant d’être adapté pour le cinéma. Depuis, ce journaliste italien de 30 ans a reçu de nombreuses menaces de mort. Il vit sous haute protection policière. Mais ça ne l’empêche pas de continuer à écrire. Voici deux courts récits qui mettent en scène de jeunes hommes pris dans un terrible engrenage. Des victimes innocentes de la mafia, dans un cas, et de la guerre en Afghanistan, dans l’autre. Troublant.

 

ON A ADORÉ
PLAIDOYER POUR ÉROS

Siri Hustvedt
(Actes Sud)

Plaidoyer-EQ243.jpgL’histoire

C’est la vie de l’auteure, née de parents norvégiens dans le Minnesota. Établie depuis des lustres à New York, elle y fait la connaissance de son mari, Paul Auster, de qui elle a une fille. À travers une douzaine de textes épars, elle refait son parcours et se dévoile, sans en avoir l’air.

 

Ce qui vous fera succomber

1. Ça vibre de partout. Intelligence du propos et sensibilité à fleur de peau:

on reconnaît bien là l’empreinte de la romancière.

 

2. On reconnaît l’univers de Tout ce que j’aimais et celui du roman qui a suivi, Élégie pour un Américain. La même fascination du secret, du mystère, de l’étrangeté.

 

3. On y apprend que cette grande écrivaine était un bébé prématuré, qu’elle a passé plusieurs jours dans un incubateur, qu’elle était fragile… et qu’elle l’est restée. Elle souffre de fortes migraines à répétition, d’évanouissements fréquents, où elle devient une étrangère pour elle-même.

 

4. On assiste à sa rencontre avec Paul Auster, de qui elle tombe follement amoureuse en le voyant. Et on s’attarde à ce passage: «Je suis mariée depuis 15 ans avec le même homme et je suis incapable d’expliquer pourquoi il m’attire en tant qu’objet érotique. Il m’attire, mais pourquoi?»

 

 

Notre avis

Les mordues de Siri Hustvedt seront ravies. Celles de Paul Auster aussi… Les autres y verront l’occasion de découvrir un univers intérieur intense et profond.

 

L’EXTRAIT

Le Beigbeder nouveau.

UN ROMAN FRANÇAIS

Frédéric Beigbeder (Grasset)

 RomanFrancais-EQ243.jpgEn janvier 2008, Frédéric Beigbeder est arrêté pour consommation de cocaïne… sur le capot d’une auto. Tandis qu’il est en prison, privé de tout, angoissé à l’extrême, il écrit. Dans sa tête. C’est le seul moyen que l’auteur de 99 francs trouve pour s’évader. Malgré lui, son enfance écartelée, pleine de non-dits, de mensonges, remonte à la surface. C’est ce qu’il nous donne à lire dans ce livre. À la fin, il confie:

«Tout le monde pense que j’ai raconté souvent ma vie alors que je viens juste de commencer. J’aimerais qu’on lise ce livre comme si c’était mon premier. Non que je renie mes œuvres précédentes, au contraire j’espère qu’un jour on s’apercevra… blablabla. Mais jusqu’à présent j’ai décrit un homme que je ne suis pas, celui que j’aurais aimé être, le séducteur arrogant qui faisait fantasmer le BCBG coincé en moi. Je croyais que la sincérité était ennuyeuse. C’est la première fois que j’ai essayé de libérer quelqu’un de beaucoup verrouillé.»

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIO-ELLE

 

Grand reporter, de Florence Aubenas (Bayard)

GrandReporter-EQ243.jpgL’ex-otage en Irak raconte son enfer, sans apitoiement, sans enflure. Elle affirme: «Je n’avais pas du tout le sentiment de subir une injustice. À aucun moment je n’ai pensé que je regrettais d’être venue en Irak. Je savais pourquoi j’étais là. Si c’était à refaire, je le referais et je l’assume.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fin des bonnes manières, de Francesca Marciano (Belfond)

BonnesManieres-EQ243.jpg

L’histoire d’une reporter photo de Milan qui est plongée dans le chaos afghan. Sous le couvert du

roman, les scènes de guerre et de violence, les abus, les injustices dont sont victimes les femmes afghanes en particulier apparaissent plus vrais que nature. Déchirant. Et pourtant, passionnant à lire.