VOYAGE INTÉRIEUR

C’EST ENCORE LOIN, LE BONHEUR?
Michèle Rechtman Smolkin
(XYZ Éditeur)

Une femme affolée débarque à l’urgence d’un hôpital de Vancouver avec son fils de cinq ans, qui est malade. Tandis que les médecins s’affairent, la mère affronte ses propres démons. Défilent devant elle les images de sa vie, de son enfance entre la France et le Maroc, pour commencer. Elle avait cinq ans lorsque s’est produit l’évènement qui a tout fait basculer: la mort de sa mère. Suit une adolescence en dents de scie, où l’identité éclate de toute part. Qui est au juste cette jeune fille qui ne trouve sa place nulle part, qui a des racines juives et est hantée par la Shoah? Plus tard, elle s’établira au Canada, pour entreprendre une nouvelle vie. Et voilà que cette nuit, au chevet de son fils souffrant, son histoire la rattrape. Un roman bouleversant, déchirant, mais aussi plein de tendresse.

 

 

VOYAGE EN ENFER

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RAPHAËLLE EN MIETTES
Diane Labrecque
 (Hurtubise)

C’est une femme en plein désarroi qui s’exprime. Elle écrit à sa fille, qu’elle a abandonnée bébé, plus de 15 ans auparavant. Parce que, à la suite du suicide de son mari, elle-même avait perdu le goût de vivre. À son adolescente, elle raconte tout: comment elle s’est enfoncée dans l’autodestruction, s’est noyée dans l’alcool et la baise sans lendemain. Comment elle en est venue à trahir sa soeur, sa protectrice. Et comment elle a découvert que son enfance sans père reposait sur un énorme mensonge, une tragédie sans nom. Rien, elle ne lui épargne rien de sa déchéance, de sa rage, de sa peine. Un récit un peu lourdaud par moments, un peu pathos sur les bords, d’accord. Mais on aime le ton dur, cru. Ça fesse.

 

 

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT

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LA VEUVE
Gil Adamson
(Boréal)

C’est une épopée, une fresque, qui se passe dans l’Ouest canadien au début du 19e siècle. On y suit une femme de 19 ans qui a tué son mari et est en fuite. Elle affronte tous les dangers, lutte pour sa survie dans une nature hostile et rencontre sur sa route le grand amour. C’est haletant, lyrique. C’est magnifique. Une grande réussite!






ON A ADORÉ

 

liv-8.jpgUN DON

Toni Morrison

Christian Bourgois éditeur

L’histoire

Nous sommes aux États-Unis au 17e siècle. L’esclavage fait rage. Une petite Noire, abandonnée par sa mère, arrive chez un négociant hollandais établi dans le Maryland. Elle est prise en charge par une esclave indigène, généreuse et débrouillarde, qui ne saura pas lui éviter le pire.

 

Ce qui nous fera succomber

1. C’est la petite, avec son langage limité, ses manques, ses peurs, qui raconte elle-même son calvaire: on revit tout avec elle, de l’intérieur, au fur et à mesure qu’elle grandit.

2. Elle écrit à quelqu’un dont on ignore l’identité, au début du moins: ça crée un mystère, ça nous intrigue, nous tient en haleine.

 3. Parallèlement, d’autres voix racontent. Et se racontent. Disent la misère inimaginable des Noirs à l’époque. Des femmes, en particulier, violées en plus d’être battues à répétition.

 

Notre avis

Une oeuvre magistrale, où se répondent l’intime et l’universel, la petite et la grande histoire. On est éblouie et profondément touchée par cet ouvrage de l’auteure de Beloved, première femme noire à avoir été récompensée du Nobel de littérature en 1993.

 

 

BIBLIO-ELLE

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L’enfant,
de Caroline Montpetit
(Boréal) 

Après Tomber du ciel, c’est le deuxième recueil de nouvelles que signe cette journaliste à la plume ciselée. Vous y trouverez des histoires intenses qui, toutes, tournent autour des enfants. Ceux qu’on a perdus, ceux qu’on voudrait, ceux qu’on aime absolument…

 

 

 

 

 

 

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Le chat proverbial,
de Hans-Jürgen Greif
(L’instant même)

 Des chats et encore des chats. Toutes les histoires de ce petit bijou de livre tournent autour des chats et des liens que les humains entretiennent avec eux. Rigolo comme tout. Dramatique aussi, et plein de rebondissements.

 






L’EXTRAIT

liv-3.jpgUn jeune blanc-bec chez les Indiens.

UASHAT

Gérard Bouchard

(Boréal)

Au milieu des années 1950, Florent, un étudiant en sociologie de la banlieue de Québec, est parachuté dans une réserve indienne, près de Sept-Îles, pour y faire le recensement de la population. Dans les faits, c’est un stage bidon, dont il ne sortira pas indemne. Dans son journal de bord, il note ses impressions, ses observations, ses découvertes concernant la dure réalité qui l’entoure, tandis que le «progrès» menace le mode de vie ancestral des «Sauvages» et qu’une crise majeure divise les différents clans. Cependant, les pages les plus troublantes, les plus touchantes de ce journal sont celles où le pauvre Florent fait le point sur sa vie à lui, revient sur son enfance gâchée par la lâcheté de son père, par les rêves brisés de sa mère qui n’a cessé de se battre pour se sortir de la misère. Un roman à la fois tragique et rempli d’humanité.

 

 

«J’ai passé toute la soirée à relire les pages de mon Journal, surtout celles où j’essaie d’expliquer ce qui se passe à Uashat, le comportement des Indiens, leurs réactions, leur mentalité, tout ça. Je m’aperçois qu’en fait, je n’ai pas compris grand-chose. Mes commentaires me paraissent superficiels, prétentieux, contradictoires. Je pense tout simplement que c’est trop compliqué pour moi; j’aurais dû me mêler de mes affaires. Finalement, les seuls passages qui me semblent vrais, c’est quand je parle de moi et de ma famille. Mais je n’étais pas venu pour ça. Je suis assez découragé. Avec ce que j’avais appris dans mes cours et dans toutes mes lectures, je pensais me démêler, en apprendre aux Indiens quasiment. Espèce de naïf. Naïf puis niaiseux.»