En deux répliques dans Twilight, la Montréalaise Rachelle Lefevre a réussi à faire tourner toutes les têtes. Elle sera de retour dans New Moon, avant d’être remplacée par Bryce Dallas Howard dans le volet final. Raison de plus pour profiter de sa compagnie…

Votre personnage, Victoria, est beaucoup plus présent dans le deuxième film. Comment votre approche du rôle a-t-elle changé?

«Lorsque nous tournions le premier film, nous ne savions pas encore si la suite verrait le jour, mais nous devions tous jouer comme s’il allait y en avoir une. Je ne voulais donc pas que Victoria se montre très méchante dès le début, parce que je savais qu’elle le deviendrait vraiment après la mort de James, son compagnon. Dans New Moon, elle est beaucoup plus agressive. Elle se sent trahie et elle cherche à se venger par tous les moyens.»

Pourquoi pensez-vous que Twilight obtient autant de succès auprès des filles?

«Parce que c’est une histoire d’amour dans laquelle les protagonistes affrontent des problèmes très difficiles pour rester ensemble. Ils doivent repousser les frontières de la vie et de la mort; il n’y a pas plus romantique! En plus, les vampires sont sexys, dangereux et immortels. Toutes les filles que je connais sont passées par des périodes où elles étaient attirées par des gars qui allaient leur briser le cœur.»

Vous-même, préférez-vous les bons ou les mauvais garçons? 

«C’est impossible de répondre à cette question! Je comprends que Bella veuille retrouver Edward et, si j’étais à sa place, je ferais probablement la même chose. Mais je crois que, dans la vraie vie, le sentiment d’inconnu et l’excitation des premiers moments passent vite; quelque chose d’autre doit venir après. Il faut que la personne qu’on aime puisse nous comprendre. Dans Eclipse, le troisième film, Edward devient cette personne pour Bella.»

Passons aux choses sérieuses. Aimeriez-vous mieux être mordue par un vampire ou attaquée par un loup-garou sexy?

«Mordue par un vampire! Quand j’étais adolescente, je n’arrêtais pas de rêver que Dracula m’enlevait… Si les vampires existaient, je voudrais en rencontrer un. Je pense qu’ils évoquent également une forme de questionnement sur le bien et le mal. La télésérie True Blood les a «politisés» en les présentant comme une minorité qui réclame des droits. J’adore cette idée. Le mythe est en train d’évoluer.»  

Soyez franche. Sur une échelle de 0 à 10, quelle note donneriez-vous à Robert Pattinson?

«Moins 2! Il est trop moche! (rires) Sérieusement, il est superbe, c’est évident. Mais je crois que l’hystérie collective qu’il suscite est due aussi à son personnage et au fait que les gens le voient par les yeux de Bella. Dans la vraie vie, il n’est certainement pas laid, mais il est aussi très normal.»

MARTINA DJOGO

Lire la suite: L’avis du chroniqueur Nicolas Langelier sur l’engouement des filles pour les vampires

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L’avis de Nicolas Langelier sur le phénomène:

Cri du cœur d’un gars qui n’en peut plus des filles «à crocs» aux morts-vivants.

 

Ça fait un bon moment déjà que je dois partager les filles de ma vie avec les vampires. Ma blonde a lu tout Twilight, vu tout True Blood. Ma copine précédente avait transformé nos vacances au Mexique en «marathon Twilight»: elle avait dévoré les quatre tomes en une semaine! Et je pourrais remonter loin comme ça, de celle qui était fanatique de Buffy à ma copine du cégep qui m’avait traîné voir le Dracula de Coppola (avec son imparable combo vampire-Keanu Reeves), sans oublier celle qui se pâmait devant Tom Cruise dans Interview with the Vampire.

Longtemps, j’ai essayé de comprendre cet engouement. J’ai lu les essais le décryptant, j’ai posé des questions à mes amies. Je connais les explications relatives à l’attrait pour l’outsider, le désir féminin d’être subjuguée-dominée-pénétrée, le «besoin d’être aimée de façon inconditionnelle par quelqu’un prêt à se sacrifier pour nous» (dixit ma blonde, qui a sans doute fait un peu trop de sémiologie à l’université).

Whatever, comme on dit en roumain. Les explications ne m’intéressent pas plus que les suceurs de sang, finalement. Tout ce que j’ai envie de dire, à ce point-ci, c’est: «Assez, les filles!» Tout ça est allé trop loin. Il est temps d’abandonner ces histoires qui ne sont au fond que du Harlequin sanguinolent, une version transylvanienne de Candy, de la porno pour adolescentes. Cet engouement pour les vampires est une autre manifestation de notre tendance actuelle à prolonger l’adolescence indéfiniment, à éviter ce qui est profond, sincère et complexe, à refuser de devenir grands et sérieux.

Mais vous savez tout ça, bien sûr. C’est justement ce que vous aimez: le fait que le vampire soit le contraire – en mieux, bien sûr – de tout ce que nous pouvons être, nous, simples hommes mortels. Jamais un vampire ne s’impatienterait en vous écoutant ressasser un problème pour la centième fois, par exemple. Et le sexe, évidemment, on sait bien. Quelques siècles d’expérience, ça permet d’affiner les techniques de préliminaires…

Je ne dis pas qu’être fascinées par des histoires de vampires, c’est mal, ni que c’est le signe d’un manque d’envergure intellectuelle, d’une dégénérescence civilisationnelle. Je dis seulement qu’il est un peu dommage que, pendant que vous avalez la prose chambranlante de Stephenie Meyer, vous ne lisiez pas les œuvres de Catherine Mavrikakis ou de Nadine Bismuth, de Nicole Krauss ou de Zadie Smith, de Virginia Woolf ou de Marguerite Duras. Des femmes qui ont écrit des histoires où les hommes sont parfois bons, parfois méchants, souvent désemparés et torturés, mais toujours plus vrais que ces vampires que vous aimez tant.

NICOLAS LANGELIER

 

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