Qu’est-ce que la mode représente pour vous?
Je la vois comme la façon dont nous nous exprimons. Elle change à chaque saison. Le style, lui, est plus personnel. Il constitue une forme d’expression. Pour moi, il se fait fluide, long et noir, bien entendu.

J’ai vécu à Paris dans le 16e arrondissement. Tout le monde était pareil. Je trouvais ça déprimant. Et choquant parce que les Parisiens jugeaient mon apparence. À Paris, les gens craignent la différence. On y observe aussi un mode de vie particulier: les chaises des terrasses des cafés font face à la rue pour qu’on puisse regarder les passants et critiquer leur style. C’est assez gênant, mais on s’habitue… et on porte des lunettes de soleil! On pourrait croire qu’à cause de mon implication dans la mode, je juge les gens en fonction de leur apparence, mais non. Tout le monde se ressemble: les femmes portent des jupes aux genoux, des chaussures plates et une chevelure blonde coiffée d’un serre-tête. Et les Françaises ne sourient pas beaucoup. Si vous le faites, vous passez pour une folle! Voilà une autre chose que je ne comprends pas, car rien ne me semble plus beau qu’un sourire. C’est étrange, et pourtant, j’habite à Paris depuis 23 ans, alors je m’y suis habituée.

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Quelle est la différence pour vous entre la mode européenne et celle d’Amérique du Nord?
La mode et les femmes d’Europe sont généralement plus élégantes et créatives. L’objectif ne consiste pas à montrer combien d’argent vous avez grâce à ce que vous portez. Les Européennes possèdent un réel sens du style.

 

Qu’ont en commun le cinéma et la mode?
Je ne sais pas s’il existe un lien entre les deux. Je crois surtout qu’ils se soutiennent l’un l’autre. Par exemple, la façon dont un personnage de film s’habille lui donne de la profondeur. Si vous enfilez une veste de moto en cuir, vous ne vous sentirez pas de la même façon que si vous portez un trench Burberry. La mode permet également de s’exprimer.

Y a-t-il des films sur la mode que vous aimez en particulier?
Ceux de mon festival (A Shaded View of Fashion Film), bien sûr, mais aussi les courts métrages A therapy, de Roman Polanski, Muta, de Lucrecia Martel, et The 4 dreams of Miss X, de Mike Figgis.

Quelles icônes vous inspirent?
John Cassavetes et Gena Rowlands. Anna Magnani, que j’admire depuis que je suis petite. Sophia Loren, que j’ai eu la chance de rencontrer. Rainer Werner Fassbinder, un de mes réalisateurs favoris. Charlotte Rampling, une femme forte et belle qui ne craint pas de vieillir sans chirurgie plastique. Je la trouve aussi incroyable qu’Ingrid Bergman, Isabella Rosselini ou Jeanne Moreau. C’est quelque chose de très français, de ne pas avoir peur de vieillir. Ces femmes sont spéciales parce qu’elles ne regrettent pas que le temps ait passé. Elles vivent le moment présent.

 

Cinéma:

 

 

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