Ce mois-ci, vous jouez Maude dans l’adaptation théâtrale d’Harold et Maude. Qu’est-ce qui fait de cette pièce, issue d’un film de 1971, une oeuvre actuelle?

Quand Maude, à presque 90 ans, rencontre Harold, un jeune homme de 19 ans, elle a envie de lui transmettre sa vision de la vie, alors que lui ne pense qu’à la mort. Elle lui dit: «Il y a bien des gens qui préfèrent passer pour mort, comme ça ils ne sont pas obligés de vivre. Ils aiment mieux rester assis que de participer.» Elle lui fait découvrir des choses qu’il n’aurait pas connues autrement, et elle lui apprend aussi à aimer. C’est un conte qui dit: «N’ayez pas peur de vivre!» Ça célèbre la splendeur de l’existence! Et ça, c’est toujours d’actualité. Ce rôle, vous en rêviez? Oh, oui! À mon âge, les personnages aussi intéressants se font rares! Maude, je la sens très près de moi. Elle ne vit pas dans le passé, mais dans le présent. C’est une femme qui veut transmettre quelque chose de positif, de beau, de vrai, et qui est encore capable de s’émerveiller. Elle est indépendante et, même à 90 ans, rien ne l’arrête!

Vous êtes la voix de Marge Simpson dans la version québécoise de la célèbre émission. J’imagine qu’on s’attend rarement à doubler un personnage pendant 28 ans?

Personne ne pouvait imaginer ça, à l’époque! L’émission Les Pierrafeu, dans laquelle je doublais la mère de Délima, a eu une longévité exceptionnelle, et ça a duré six ans! Au début, je n’étais plus capable de parler quand je revenais de l’enregistrement. Avec le temps, j’ai réussi à moduler ma voix de façon à ne pas trop souffrir. Ce que je trouve surprenant dans le succès des Simpson, c’est que les Américains détestent faire rire d’eux, mais les Simpson le font sans aucune retenue!

Quand, à travers les époques, on passe du radio-roman au théâtre, puis à la télévision, au cinéma et au doublage, est-ce ça change la façon de jouer?

Tout à fait. On doit s’adapter à chaque médium. Au cinéma, on n’a pas besoin d’aller vers le public, c’est la caméra qui vient nous chercher. À la télévision, c’est du langage courant; les gens se reconnaissent dans les conversations. Au théâtre, on porte le texte vers la salle. D’ailleurs, puisque j’ai fait beaucoup de scène, j’ai toujours peur de trop en mettre quand je fais du cinéma!

Est-ce qu’une critique a déjà influencé votre travail?

Non. Il y a des critiques qui m’ont fait de la peine, mais elles demeurent de simples opinions, et non l’avis de tout le monde, alors je ne changerai pas pour ça. De toute manière, il y aura toujours quelqu’un pour chialer sur ce qu’on fait.

Bon, j’ai pas le choix de vous poser la question: je suis certain que toutes les lectrices de ELLE QUÉBEC rêvent de connaître votre secret pour être aussi pimpante!

Il faut savoir sourire! Quand j’étais jeune, je ne me suis jamais fait dire que j’étais belle. J’avais deux soeurs magnifiques, mais moi, je me trouvais ordinaire, avec mes yeux trop petits, mon nez pointu… C’est ma mère qui, un jour, m’a dit: «Pourquoi tu ne souris pas? Regarde comme ton visage s’illumine quand tu souris!» Et je me suis rendu compte que c’est ce sourire, aujourd’hui spontané, qui m’attire des compliments. On me dit que je suis belle!