Son nom est alors sur toutes les lèvres, et la folie Café de Flore bat son plein. Elle vient de faire un passage remarqué avec ses collègues Hélène Florent et Kevin Parent à Tout le monde en parle et s’apprête à prendre part au tournage du film Inch’Alllah, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, dans lequel elle joue l’obstétricienne d’un camp de réfugiés en Cisjordanie (sortie prévue en 2013). Vraiment, le momentum est indéniable.

Regardez les coulisses de la séance photo avec Evelyne Brochu.

Le jour de la séance photo, au studio de notre photographe, la chaîne stéréo fait jouer un medley préparé par la jeune comédienne de 28 ans. Joan Jett chante Crimson and Clover, Patti Smith reprend Smells Like Teen Spirit, de Nirvana. Tout le monde a le sourire collé aux lèvres en la regardant prendre la pose. Armée de son remarquable instinct théâtral, l’actrice caméléon a accepté de rendre hommage aux femmes qu’elle aime et qui l’inspirent en les incarnant devant l’objectif de notre photographe. Un spectacle aussi fascinant qu’émouvant: à travers chacune d’elles, la belle semble surtout révéler une part d’elle-même.

Quelques jours plus tard, je la retrouve dans un bar du Mile End. Très nature, elle entre vêtue d’un jean, d’une camisole grise et de bottes de cowboy brunes qu’elle confie avoir portées sur le plateau de Frisson des collines. Plusieurs têtes se tournent sur son passage. Elle respire le calme, la sérénité. En sirotant une coupe de rouge, elle me raconte son parcours, sans jamais omettre de complimenter ceux avec qui elle a eu la chance de travailler depuis sa sortie du Conservatoire en 2005. Tout au long de l’entretien, le mot «chance» ponctue d’ailleurs ses paroles.

Elle souligne la finesse de Denis Villeneuve, qui l’a dirigée dans Polytechnique, vante la générosité de Guillaume Lemay-Thivierge, sa costar dans Frisson des collines, s’émerveille de l’aplomb avec lequel Louis Choquette a piloté Mirador, série à laquelle elle a «a-do-ré» participer, relève les nuances du texte d’Aveux, signé Serge Boucher, et se remémore, nostalgique, les bons moments vécus sur le plateau de La promesse, téléroman à succès qui quitte nos ondes ce printemps, après sept fidèles années.


 Elle affirme aussi avoir été épatée par Kevin Parent, son séduisant partenaire dans Café de Flore, qui, dit-elle, lui a appris l’importance de l’instinct dans le jeu. Liés par une ardeur brûlante, les complices ont enflammé l’écran dans cette histoire d’amour en deux temps, faite de déchirements et de passion. La jeune femme s’est avérée bouleversante dans la peau de la fougueuse Rose, ex-toxicomane, dont elle dit envier la spontanéité. «Je dois avouer que j’ai souvent l’impression que les personnages que j’incarne sont plus intéressants que moi…»

Honorée d’avoir été choisie pour faire la couverture de notre numéro «Femmes de l’année», Evelyne révèle néanmoins qu’elle n’est pas encore devenue celle qu’elle aimerait être: une femme comme sa mère. «Elle est passionnée, entreprenante, et a aussi une petite dose de folie… Elle a toujours été là pour moi», confie-t-elle, émue. Elle enchaîne illico en exprimant son admiration pour le personnage mythique d’Émilie Bordeleau: «Comme enseignante, elle a l’importante tâche de transmettre le savoir, ce que je respecte profondément. Et puis, Les filles de Caleb, ç’a été mon premier coup de coeur télévisuel. C’est si bien filmé, si bien joué… C’est l’huile essentielle du Québec!»

Evelyne s’enthousiasme, le regard pétillant: «Ce qui est beau, c’est que la liste des femmes inspirantes est longue!» Elle a bien raison, et cette année, elle trône bellement au sommet de notre palmarès.

Les femmes qui l’inspirent

Janette Bertrand
«Elle a brisé les tabous et fait tomber les préjugés. Mais au-delà de son engagement social, de son discours féministe et de son talent de communicatrice, j’aime Janette Bertrand parce que c’est une épicurienne qui sait savourer la vie.»

Barbara
«Pour moi, cette chanteuse, c’est la quintessence du lyrisme, de l’émotion, du mal de vivre, du mal d’amour… et quelle plume!»

Fifi Brindacier
«Si aujourd’hui je me sens parfois un peu décalée par rapport au reste du monde, quand j’étais enfant, j’étais carrément à côté de la plaque! J’étais toujours dans la lune! Je m’identifiais à des personnages un peu marginaux, comme Fifi Brindacier ou encore Ani Croche, l’héroïne des romans jeunesse de Bertrand Gauthier. Elles font tellement du bien quand on est une gamine perdue! Fifi, elle est forte et désinvolte. Elle a des grosses couettes toutes défaites; moi, j’avais des cheveux que je n’aimais pas. En plus, elle sait plier des lames de patins avec ses mains! Je trouvais que c’était la fille la plus cool du monde.»

Patti Smith
«Il y a un mot qui la décrit, et c’est « liberté ». C’est quelqu’un d’indéfinissable. Quand j’ai lu ses mémoires, Just Kids, j’y ai trouvé une source d’inspiration multiple: j’avais envie d’aimer comme elle aime, de créer comme elle crée, de mordre dans la vie comme elle le fait… Il y a quelque chose dans son look t-shirt-lousse-pas-de-brassière-pas-de-maquillage-les- cheveux-croches qui me permet de mieux respirer. Quand je suis nerveuse, je ferme les yeux et je me répète, tel un mantra: « Patti Smith, Patti Smith… »»

Gabrielle Chanel
«Chanel, c’est bien sûr l’élégance, mais c’est surtout l’anticonformisme. J’admire la force dans son regard d’aigle et le mystère qui l’entoure. De toutes les femmes qui m’inspirent, c’est celle qui est la plus loin de moi, mais elle possède un petit côté battant que j’aimerais bien acquérir…»

Regardez les coulisses de la séance photo avec Evelyne Brochu.