Il se déclare «totalement romantique», mais c’est en coureur de jupons invétéré qu’Éric Bruneau nous a conquises. Depuis quatre ans, on suit avec délice les tribulations de Sylvain Régimbald, l’avocat séducteur que l’acteur de 31 ans incarne dans la télésérie Toute la vérité. «Mais attention», prévient le comédien, qui a étudié chez les frères maristes, «me confondre avec ce dragueur est une grossière erreur! Moi, je suis discret dans les bars et vieux jeu en amour.»

N’empêche. Il a la tête de l’emploi: carrure parfaite, sacrée belle gueule et charisme indéniable. Éric Bruneau a tout du tombeur. Même qu’avant d’arriver au resto où nous avions rendez-vous je craignais le pire. Un beau mec populaire? Il sera insupportable. J’avais tout faux: il est drôle, absolument charmant. Mais ce qui m’a d’abord frappée chez lui, c’est sa sensibilité et son écoute: oui, il a confiance en lui et foi en ses convictions, mais ce gentleman est loin d’avoir l’égo boursouflé. «Je suis flatté de figurer sur la couverture de ELLE QUÉBEC, mais ça me faisait peur», confie-t-il en aspirant une bouffée de la cigarette électronique qu’il vapote pour vaincre son vice. «Je ne voudrais pas être étiqueté comme « mâle sexy ». Cela dit, si on me trouve cute, tant mieux. À moi de prouver que je suis plus que ça.»

C’est chose faite. Avant même de décrocher son diplôme de l’École nationale de théâtre en 2006, il avait été choisi par le fabuleux cinéaste André Forcier pour tenir la vedette de son film Les États-Unis d’Albert. Depuis, les rôles se sont succédé. Sur les planches, il nous a soufflées, notamment dans Tom à la ferme (avant que la pièce soit portée à l’écran), puis dans Christine, la reine-garçon, deux oeuvres de Michel Marc Bouchard. Et au printemps dernier, il triomphait au TNM dans les habits du pervers vicomte de Valmont dans Les liaisons dangereuses. «Un rôle d’une exigence folle. Il fallait que je passe tellement vite d’une émotion à une autre!» se souvient celui qui a également tenu le rôle principal dans le film de Denys Arcand, Le règne de la beauté. En mars prochain, on le verra au Théâtre La Licorne dans Ils étaient quatre, une pièce chargée de testostérone où s’affrontent les points de vue de quatre mecs à propos d’une fête qui a dégénéré. Mais pour l’instant, c’est au petit écran que le comédien brille: à AddikTV, en enquêteur au passé trouble dans la série policière Mensonges (en rediffusion), et à TVA, dans la cinquième et ultime saison de Toute la vérité.

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Son métier, l’acteur en est fou. Le jour où il a déclenché les rires de l’auditoire de son école secondaire en jouant sur scène, il a su que c’était ça qu’il voulait faire «dans la vie». Ses parents, qui évoluaient dans le monde des affaires, l’ont soutenu. «Quand mon frère aîné ou moi voulions entreprendre un projet, ils nous encourageaient toujours en disant: « Go, vas-y! »»

Aucun effort ne rebute ce natif de Saint-Jean-sur-Richelieu devenu ceinture noire de karaté à 16 ans. Éric Bruneau est un bûcheur. Il sait que dans la vie, on n’a rien pour rien. Questions en rafale à un gars qui donne tout. Et plus encore.

Vous avez déjà dit que vous auriez pu vous débrouiller dans bien des métiers… Par exemple? J’ai travaillé dans une boucherie et je préparais le meilleur steak haché du monde! J’ai aussi été serveur chez Pacini et je gagnais régulièrement les concours du meilleur vendeur de vin. Mon moteur, c’est de relever des défis. Pas par obsession de la performance, mais pour me regarder la tête haute dans le miroir à la fin de la journée. Des relents de mon éducation judéo-chrétienne, j’imagine…

Et quand vous ne relevez pas de défis, vous faites quoi? Je lis, entre autres. Quand j’étais jeune, Le comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas, m’avait fait capoter. J’ai aussi beaucoup aimé L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera, et j’ai tout lu de l’auteur américain Bret Easton Ellis. Sinon je cours, je fais du spinning ou je retape mon chalet. Les travaux manuels libèrent l’esprit: mon ami le comédien Émile Proulx-Cloutier appelle ça le «faire rédempteur». Autrement, chaque automne, j’accompagne avec plaisir mes oncles à la chasse.

La chasse est encore souvent associée à l’univers masculin. Que vous inspire le mot virilité? Être viril, c’est être en accord autant avec sa sensibilité qu’avec son côté animal. Marlon Brando était viril. À mes yeux, Denis Bernard, Sébastien Ricard, Patrice Robitaille et Robin Aubert le sont aussi.

Le grand amour, vous y croyez? Absolument! Les débuts d’une histoire, quel bonheur: faire l’amour encore et encore, boire du vin blanc en refaisant le monde… Mais pour véritablement vivre l’amour, il faut accepter de s’abandonner. On dit parfois qu’aimer, «c’est donner à l’autre le pouvoir de nous détruire»… Je suis d’accord avec ça.

Et l’amitié après l’amour, c’est possible? Tout à fait. Même si, après une rupture, il se passe parfois une éternité avant qu’on se reparle. J’ai de bonnes relations avec toutes mes ex. Enfin… presque toutes! (rires)

Si vous avez des enfants un jour, que désirez-vous leur transmettre? Des enfants, j’ai déjà hâte d’en avoir. J’ai l’intention de les épauler pour qu’ils puissent se réaliser. J’aimerais leur léguer ce que j’ai moi-même reçu de mes parents: le sens de la famille, de la valeur du travail, et l’importance de prendre la vie à bras-le-corps.

Qu’enviez-vous à la génération de vos parents? D’avoir connu la plus belle effervescence politique de notre histoire! À l’époque [dans les années 1970], tout semblait possible. Ça devait être enivrant! René Lévesque a fait rêver les gens à un beau projet de société: construire le Québec. Aujourd’hui, on veut apprendre l’anglais et faire le tour de la planète, mais ça ne signifie pas pour autant qu’on a laissé de côté l’idée de bâtir un pays. Le hic, c’est que le discours actuel autour de l’indépendance est passéiste. On ne s’y reconnaît pas. Qu’on nous propose un projet qui correspond à ce que nous sommes, dans des mots qui nous font vibrer!

Si vous deviez qualifier votre génération, quel adjectif la décrirait le mieux? Décomplexée. Xavier Dolan en est l’exemple parfait: il se lance et il réussit. Bravo! L’impulsion originelle du Printemps érable, avant que le débat se cristallise autour de la gratuité scolaire, m’a permis de constater que ma génération veut prendre son destin en main. On s’est serré les coudes pour dire aux babyboumeurs «Wô! Faire des choix à notre place, ça suffit!».

À propos de destin, comment entrevoyez-vous votre avenir? À 31 ans, je commence à peine à me connaître et j’ai encore de nombreuses peurs à vaincre. Le jour où on arrête de remettre nos certitudes en question, on est foutu. Même si on a peur, il faut continuer, y aller, risquer. Ça vaut pour le travail, l’amitié, l’amour, tout! Mon destin, c’est d’avancer.

VIDÉO: rencontre en coulisses de la séance photo avec Éric Bruneau

La séduction selon Éric

Qu’est-ce qui vous allume chez une fille? Les yeux, la nuque et ce creux à la naissance de l’aine: c’est le territoire le plus sexy du monde.

Et ce qui vous éteint? L’insécurité maladive. Une fille qui se dévalorise constamment, c’est très, très turn-off.

Quelle est la plus grande leçon que vous ayez apprise en amour? Il faut gérer ses blessures et ses colères pour que l’amour dure. On ne sera jamais bien avec quelqu’un si on est mal avec soi-même.

La plus grande folie que vous ayez faite pour séduire une fille? M’éclipser entre deux scènes au théâtre pour courir surprendre ma nouvelle blonde de l’époque, faire l’amour avec elle et repartir aussi vite!

La plus grande folie qu’une fille ait faite pour vous? M’attendre. Ma blonde actuelle [l’humoriste Kim Lizotte] est arrivée dans ma vie durant une période où je n’étais pas prêt psychologiquement à m’engager dans une nouvelle relation. Elle m’a laissé du temps, sans rien me demander. Ce n’est pas une folie comme telle, mais je trouve ça follement beau.

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