Ceux qui ont compté

«À six ans, j’ai été choisi pour étudier à l’école publique Le Plateau, qui offre un profil en musique. J’y ai rencontré des gens extraordinaires. Bien des professeurs et des animateurs que j’ai croisés quand j’étais enfant, alors que je faisais partie des scouts ou d’une équipe de hockey par exemple, sont devenus des mentors… Mes parents savaient repérer les gens exceptionnels et me pousser vers eux. Ils étaient généreux en ce sens.»

Ses sources d’inspiration

«Mes idoles de jeunesse, c’étaient Al Pacino et Robert De Niro. Mais aujourd’hui, je dirais Sean Penn, un acteur formidable, et Clint Eastwood, auquel je m’identifie parce que lui, c’est un vrai Renaissance man. Il a joué dans des films de flics et de cowboys. Il a même partagé l’affiche avec un gorille. Faut le faire! Mais il a roulé sa bosse, il a appris son métier de réalisateur sur le tas, en tournant plein de petits films dans lesquels il tenait la vedette. Il jouait dans un Dirty Harry pour faire des sous, ensuite il se servait de cet argent pour réaliser ses films à lui. Je suis impressionné par la patience avec laquelle il a placé ses affaires. Ce n’est qu’à 65 ans qu’il a été reconnu comme un vrai cinéaste. En plus, il compose la musique de ses films.»

Leçon retenue

«Ce que j’ai appris en 20 ans de métier? L’humilité. Même si j’ai confiance en moi, j’ai beaucoup plus d’humilité qu’avant par rapport à ce que je fais et à ce que je peux faire. J’exerce un métier qui donne l’impression au public que JE réalise des choses, mais je ne suis pas tout seul, je suis dans un processus créatif qui regroupe plusieurs personnes. J’ai encore une grande gueule, c’est sûr, mais j’ai moins besoin d’avoir raison à tout prix. Avant, je voulais prouver au monde que j’étais capable de faire plein d’affaires. Maintenant, mon attitude est plus relaxe. Ma satisfaction est ailleurs.»

Ce qui le séduit chez une fille
«Ça me fait rire quand les gars disent que la première chose qu’ils regardent chez une femme, ce sont les yeux… Honnêtement, la première chose qui suscite mon intérêt, c’est la bouche. J’aime ça, les bouches. Après… (silence) J’aime beaucoup les courbes du dos. Le bas du dos, je trouve ça beau. Et si une fille est le moindrement décolletée, c’est très… [il hésite] winner

Arrêt sur image

«Je sais qu’il existe un décalage entre mon image et ce que je suis vraiment. Cela dit, je crois que le fossé entre les deux est moins large aujourd’hui, surtout depuis que j’ai participé à Star Académie. Avant, les gens me voyaient comme un gars qui a de la drive et certaines qualités, mais aussi comme quelqu’un d’arrogant. Un peu macho, même… Je pense que c’est différent aujourd’hui. Pour les filles, surtout. D’abord, évidemment, j’ai vieilli… (long silence) Et je pense qu’elles se sont rendu compte que j’étais un peu plus sensible qu’elles le croyaient. C’est certain que la paternité change toujours la perception que les filles ont d’un gars, et que, dans mon cas, ç’a été positif. Quelqu’un a écrit cette phrase extraordinaire: « C’est difficile de savoir qui on est vraiment. Qui on est représente un mélange de ce qu’on est, de ce qu’on pense être et de ce que les autres pensent qu’on est. » Dans l’absolu, c’est ce que nous sommes. Tous.»

Le langage du père

«Ma sœur a 10 ans de moins que moi: j’ai changé ses couches, je lui ai donné à boire, lui ai fait faire son rot. Je sais que bien des gars n’aiment pas les tout petits bébés, parce qu’ils ne savent pas comment se comporter avec eux. Mais ce n’est pas parce que les bébés ne communiquent pas qu’ils ne comprennent pas. À 10 jours, ma fille ne dormait pas beaucoup et elle chignait tout le temps. J’ai pensé: « Notre fille est assise, elle nous regarde vivre et elle s’emmerde! » Dès que j’avais un peu de temps, je jouais avec elle avec des anneaux de couleur. Elle les touchait et les mettait dans sa bouche. Je lui nommais la couleur des anneaux. Lynda me disait: « T’es fou, elle n’a que 10 jours! » Et je lui répondais: « Mais que veux-tu que je lui dise d’autre? Je lui parle dans mon langage à moi. » Quand Jessie a eu trois mois et que je lui demandais de prendre l’anneau jaune, elle le prenait. C’est à nous, les pères, d’initier le jeu; un bébé de deux semaines ne demandera jamais: « Hé, papa, veux-tu jouer avec moi? »»

L’instinct protecteur

«Chaque fois que je travaille avec des filles, pour moi, ce sont mes girls – oui, c’est possessif et c’est macho, mais c’est aussi protecteur. Dans Les 3 p’tits cochons, que j’ai réalisé, les actrices avaient des scènes de sexe à jouer. Je les ai toutes rencontrées individuellement. On a discuté de la façon dont elles voyaient leur scène, jusqu’où elles étaient prêtes à aller, ce qu’elles voulaient, ne voulaient pas, quelles étaient les parties de leur corps qu’elles préféraient, celles qu’elles aimaient le moins. Je voulais qu’elles soient à l’aise au moment de tourner ces scènes. C’est important, le respect. Plein de gens m’ont dit, en parlant de telle ou telle actrice: « Tu vas voir, elle, elle est compliquée… » Mais si elles sont en confiance, elles sont peut-être moins compliquées… Il faut dire que j’ai été marié à une chanteuse, alors… je suis capable d’en prendre.» (rires)

La recette du malheur

«La satisfaction n’est jamais dans le résultat. Il ne dure pas assez longtemps. C’est le chemin qu’on prend pour s’y rendre qui importe, et il faut apprendre à aimer ce chemin-là. Il faut travailler pour être heureux. Être malheureux, c’est facile. J’ai la recette: rester dans son sous-sol pendant six mois sans communiquer avec personne. C’est garanti qu’en sortant de là on ira beaucoup moins bien que six mois plus tôt.»

Le gros bon sens

«Je ne suis pas psy – et certains psys ne seront pas d’accord avec moi -, mais je crois que la société pourrait se passer davantage du Ritalin si on diminuait simplement le nombre d’élèves par classe, si on proposait aux enfants des repas équilibrés et plus d’activité physique. Le pire, c’est que tout le monde sait ça, mais on se trouve des excuses pour ne pas s’occuper de l’alimentation de nos enfants – on mène des vies de fou, on travaille fort -, pour ne pas diminuer le nombre d’étudiants par classe – on n’en a pas les moyens -, et pour expliquer l’absence d’activités parascolaires ou d’équipes sportives – on a déjà de la difficulté à payer une bibliothèque, on ne va tout de même pas investir dans l’équipement de football… (ton ironique) Entre le football et Rimbaud, forcément, le choix est clair.»

Coup de poker

«Je suis de nature compétitive, mais je ne veux pas l’être dans mon travail. Alors, il faut que ça sorte autrement. Je joue au hockey le dimanche, et au poker. Je crois que c’est un journaliste du New York Times qui disait que le poker était le jeu « assis » le plus violent du monde. J’ai déjà vu Isabelle Mercier faire pleurer un gars à Las Vegas. Elle l’a battu trois fois de suite, puis lui a lancé: « Tu peux ramasser tes affaires pis t’en aller! » Le gars s’est mis à brailler à la table.»

Une gang de moumounes

«Je trouve que les gens de 30 ans abandonnent facilement. Ils butinent d’un projet à l’autre, en attendant qu’on leur offre quelque chose sur un plateau d’argent. Comment savoir combien de temps ça prend pour réaliser un rêve? Moi, j’ai en réalisé plein dans ma vie; je suis capable d’évaluer le temps qu’il faudra pour atteindre un objectif – 2 ans, 5 ans ou 10 ans. Une fois que je sais ça, il ne me reste qu’à foncer. Certains rêves se concrétisent, d’autres non. J’ai été élevé comme ça. On m’a donné les outils nécessaires pour que je me débrouille une fois adulte. Des enfants qui sont à la maison à 28 ans, c’est quoi, ça? Les parents ont beau répondre: « Oui, mais ils étudient encore », je ne comprends pas. Au restaurant, je vois des parents couper le hamburger de leur enfant en petits morceaux. C’est un sandwich! On s’entend-tu pour dire que c’est mou et que ça se défait facilement? Me semble qu’un enfant est capable de déballer son hamburger et de le manger tout seul! Bon, il va peut-être l’échapper par terre. Pis après? C’est pas grave. On est une société de moumounes. On ne récompense plus l’effort.»

Le don de soi
«J’ai commencé à m’intéresser au Club des petits déjeuners il y a sept ans. La raison d’être du Club tourne autour de deux choses essentielles, qui me touchent: la bouffe et les enfants. Donner un minimum à des enfants pour qu’ils aient de l’énergie, qu’ils se sentent bien et qu’ils puissent apprendre, c’est la base. Grâce aux commandites, on nourrit plus de 200 000 enfants chaque matin. Lorsque j’étais jeune, ma famille n’avait pas beaucoup d’argent, mais elle s’occupait des paniers de Noël de notre paroisse. Elle était chargée de la collecte et de la livraison des paniers aux familles démunies. Le partage est une valeur que mes parents m’ont transmise.»