Exquise brindille dans sa robe rayée, le visage nu ponctué d’un rouge à lèvres écarlate et les cheveux remontés en chignon flou, Maripier Morin me reçoit dans son condo cozy du Plateau-Mont- Royal. Comme tout le monde, je connais la fille fraîche et sémillante, (trop) vite cataloguée «bitch écervelée» lors de son passage dévastateur à Occupation double en 2006. Mais rapidement, la belle a su prouver au public que sous ses dehors frivoles se cache une nature complexe, parfois tourmentée et terriblement romantique.

L’enfant de la téléréalité

«J’ai participé à Occupation double (OD) à 20 ans. L’émission m’a révélée aux téléspectateurs, mais pas sous mon meilleur jour. En fait, le public m’a détestée avant même de me connaître! Il faut dire qu’à l’époque j’avais une surdose de confiance en moi et un manque de maturité flagrant! J’étais convaincue que je méritais de faire partie de l’aventure et que j’allais gagner la compétition. Pas parce que j’étais un bébé gâté, non, mais parce que j’avais besoin de m’accomplir.

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«Deux ans auparavant, j’avais subi un grave accident en patinage artistique. J’étais un espoir olympique. Et du jour au lendemain, après des années d’entraînement intensif et de grands sacrifices, tout s’est arrêté. Mon monde s’est écroulé. Je ne savais plus qui j’étais. J’avais un profond sentiment d’échec. Encore aujourd’hui, c’est douloureux pour moi d’en parler. Après l’hospitalisation, ç’a été l’enfer! Je traînais, je buvais de la bière, je n’allais plus à mes cours… Ma mère m’a jetée dehors.

«Par miracle, une amie m’a offert un boulot dans le domaine de la mode. J’ai quitté Rivière-du-Loup pour Montréal et je n’ai pas parlé à mes parents pendant un an. J’ai continué de travailler en mode. Puis, il y a eu OD. J’ai participé à l’émission pour moi. Pour faire éclater la prison dorée dans laquelle j’avais passé mon adolescence. Pour cesser de faire croire au monde que j’étais la petite fille parfaite, alors que tout s’effondrait à l’intérieur de moi…

«Je voulais aussi que les gens voient la fille que j’étais pour vrai: celle qui boit, qui sacre, qui « frenche », qui n’a pas de filtre. Évidemment, ça a blessé mes parents. Et ça m’a fait beaucoup de peine. Mais il y a eu un côté positif, car cet écran qui me séparait depuis toujours de mon père et de ma mère est tombé. Et ça nous a finalement énormément rapprochés.»

L’amoureuse

«Brandon? [le joueur des Canadiens Brandon Prust] C’est une surprise dans ma vie! Je n’avais jamais rêvé de sortir avec un joueur de hockey. On connaît leur réputation de courailleux! Je m’ima-ginais plutôt avec un homme d’affaires. (rires) Si on m’avait dit le soir de notre rencontre [dans un bar de New York en 2010] que je serais toujours avec lui quatre ans plus tard, je ne l’aurais jamais cru! Et pourtant…

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«Brandon a complètement changé ma perception des hommes. J’aime son côté familial, sensible et humain. Les gens le voient comme un tough sur la glace mais, dans la vie, c’est le gars le plus doux de la terre. Il a un tempérament posé, le mien est plus fou. Nous sommes tous les deux compétitifs et nous nous comprenons à demi-mot. OK, il a un caractère de cochon, mais j’aime ça. Ça met du piquant dans notre couple! Dès le début de notre relation, il m’a donné confiance sur le plan professionnel, surtout lorsque V me courtisait. Je ne crois pas que j’aurais osé quitter TVA s’il ne m’avait pas encouragée à foncer.

«Notre plus grand défi, nous l’avons vécu en 2012. Brandon a quitté New York, où il jouait pour les Rangers, et il est arrivé à Montréal pour se joindre aux Canadiens. J’étais folle de joie! Mais le timing était mauvais. À l’époque, j’étais chroniqueuse culturelle à Ça commence bien et reporter à District V. J’avais un horaire insensé. Pendant deux ans, je me suis couchée à 8 h le soir et je me suis levée à 2 h du matin! Brandon n’a pas eu le choix: il a découvert le night life montréalais sans que je puisse l’accompagner… Dans une ville où, dès qu’un joueur de hockey entre dans un bar, la vodka coule à flots et les filles se jettent sur lui! J’ai eu l’impression de le perdre, mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais quand même pas le forcer à rester à la maison le soir pour me regarder dormir! Et puis, je devais respecter mon engagement à la télé jusqu’au bout. Bref, j’étais vraiment malheureuse. Un soir, je lui ai dit: « Je m’ennuie de mon chum de New York. Celui de Montréal, je ne l’aime pas! Est-ce qu’on continue? » [silence] Heureusement, nous sommes passés au travers. Je savais que j’étais capable d’aimer, mais pas à ce point-là.»

La fashionista

«J’aime la mode, le glam, les sorties mondaines. J’adore m’habiller, me maquiller et faire ma fraîche dans un party! (rires) J’ai beaucoup de vêtements et de chaussures, tous rangés à la perfection dans mes armoires. J’aime les belles choses! Mais j’ai aussi un tiroir de linge mou « laite »: parlez- en à mon chum, qui me voit souvent en jogging à la maison!

«À la télé, mon style est féminin, classique et assez structuré. Avec les années, j’ai redéfini mon image et j’ai raffiné mon look. Ça, je le dois à mon styliste et ami Patrick Vimbor, que j’ai rencontré quand je participais à Occupation double. Il m’a fait comprendre que, avec ma personnalité un brin séductrice, porter un décolleté ou une robe hyper sexy est too much, tandis qu’opter pour un top sage me permet de m’exprimer en toute liberté. Patrick sait ce qui me va et ce que j’aime. Et moi, j’aime tout essayer.

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«J’ai un penchant pour les beaux vêtements et les accessoires indémodables. D’ailleurs, sur les tapis rouges, je suis rarement ultratendance. Je combine des marques de luxe avec d’autres bon marché: Marc Jacobs, H&M, Zara, Alexander McQueen, Aldo, Burberry, Christian Louboutin, Top-shop… Oui, on peut avoir du style avec peu de moyens! D’ailleurs, j’ai appris à acheter moins et plus intelligemment. Et à économiser en vue des rabais de 70% dans mes boutiques préférées.

«J’adore les designers d’ici, comme Denis Gagnon, Travis Taddeo, UNTTLD et Mackage. Si j’en avais les moyens, je m’offrirais aussi plein de trucs griffés Saint Laurent, Stella McCartney, Marc Jacobs et, ah!, Balmain. Si j’avais un conseil mode à donner, ce serait de cesser de vouloir ressembler à tout le monde. C’est important de trouver son propre style, d’acheter des vêtements dans lesquels on bouge bien, de s’inspirer sur Instagram, de piquer une idée et de l’adapter à sa personnalité. La mode, c’est un jeu!»

L’ambitieuse

«Les gens me disent ambitieuse. C’est totalement faux! Je ne sais même pas ce que je vais faire demain. Si j’ai provoqué des évènements dans mon parcours, c’est surtout par instinct de survie. Pas par calcul ni par stratégie. Par exemple, après être sortie écorchée d’OD, je me suis retrouvée sans emploi et sans le sou. Perdue. Perdue. J’avais besoin d’aide. Mes parents avaient beau me dire qu’ils m’aimaient, tout le monde me haïssait. Qui aurait voulu engager la bitch d’OD? Per-son-ne.

«J’ai alors pilé sur mon orgueil et, sur le conseil de ma mère, j’ai demandé à Julie Snyder [la productrice d’OD] si elle avait du travail pour moi. N’importe quoi pour survivre. Puis, l’offre du Banquier est arrivée. Ç’a été ma bouée de sauvetage! Tout ça n’a rien à voir avec l’ambition… Mais j’ai un karma incroyable et beaucoup d’intuition. Je suis très travaillante et, quand j’ai un objectif en tête, je l’atteins. J’ai une rigueur implacable! Et je n’ai pas une seconde à perdre.

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«Au fond, ce qui m’intéresse, c’est d’exceller dans mon métier. C’est un trait de ma génération, je crois. On ne veut pas seulement réussir, mais exceller, se démarquer et être reconnus. Je veux aussi rendre les gens fiers autour de moi. Ai-je raison de penser comme ça ou est-ce que je fais fausse route? Je me questionne sur tout, tout le temps. À la télé, je suis la fille souriante et diver- tissante; dans l’intimité, je suis aussi attirée par le danger, j’ai parfois besoin d’aller toucher le fond pour mieux remonter à la surface. J’ai toujours eu cette dualité en moi. Et puis, j’ai la crainte extrême de passer à côté de ma vie.

«En même temps, je n’ai pas d’égo. Si on me donne un conseil bienveillant, je vais l’accepter et le mettre en pratique. Je n’ai pas de plan précis, mais je suis une grande rêveuse! Concrétiser quelque chose d’impossible, ça me fait triper. J’aimerais bien, parallèlement à ma gamme de cocktails Unik, lancer une ligne de vêtements. Faire des choses qui me ressemblent. C’est le fun d’être une it-girl, mais ça reste quelque chose d’éphémère. Et moi, j’espère que les gens vont me suivre encore longtemps…»  

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