ÉMILE PROULX-CLOUTIER

Acteur remarqué (
Matusalem,
Les hauts et les bas de Sophie Paquin), réalisateur respecté (son court métrage Papa a gagné un Jutra en 2005), Émile Proulx-Cloutier semble béni des dieux. Il tiendra cet automne le premier rôle dans
Le déserteur (notre photo), de Simon Lavoie.

Il n’a que 25 ans, mais fait déjà preuve d’une intégrité artistique étonnante.
Joint par téléphone, il raconte: «J’ai été surpris et touché quand Simon m’a proposé le rôle, parce que j’estime qu’il fait du vrai cinéma, qui ne ressemble pas à ce qu’on voit à la télé, tout en demeurant très accessible.»

Pour ce rôle, il n’a pas hésité à accepter de se mesurer à ses parents, Danielle Proulx et Raymond Cloutier.
«J’avais certaines appréhensions mais, très vite, ma mère et mon père sont devenus des partenaires comme les autres. Avec peut-être un peu plus d’affection pour moi.» (rires)

Il a tous les talents mais reste d’une lucidité implacable.
«J’ai grandi dans ce milieu et je sais que rien n’est gagné d’avance. Tout est une question de travail. Et de chance. J’espère seulement que ça va durer.» (Sortie le 24 octobre)

HELEN FARADJI

ANNIE ROY ET PIERRE ALLARD

Un VUS qui a explosé, encore fumant, un site archéologique composé de détritus et un camp de réfugiés… en plein centreville. Depuis 10 ans, les audacieux fondateurs de l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) – Annie Roy et Pierre Allard – multiplient les mises en scène «rentre-dedans» pour sensibiliser les citoyens aux grandes préoccupations sociales. Et ça marche! Les deux artistes dévoilent ici trois oeuvres pour souligner leur 10e anniversaire de création.

Boutique Change «Nous avons investi un magasin dans lequel on a monté une rétrospective de nos interventions. C’est à la fois une critique de l’omniprésence du marketing et une façon amusante de redécouvrir toute notre production!»

Quand l’art passe à l’action «C’est un livre de 400 pages qui retrace notre parcours. On y trouve des photos magnifiques et des textes sur des problèmes contemporains écrits par des auteurs connus, notamment Jean Lemire et Louis Hamelin.»

Le 10e État d’urgence «Cette année, la programmation s’articule autour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Amnistie internationale sera de la partie, ainsi que notre hôte François Avard. Disons que cette édition sera à l’image de ce dernier: assez… provocante!»

(Info:
Action terroriste socialement acceptable)

CATHERINE PERREAULT-LESSARD

TROIS QUESTIONS À JULIANNE MOORE

Dans Blindness, une épidémie de cécité frappe le monde. Julianne Moore, pourtant épargnée, feint la maladie afin de pouvoir rester auprès de son mari (Mark Ruffalo), emprisonné avec les autres aveugles dans des dortoirs de fortune où la loi de la jungle reprend ses droits.

Faut-il voir le film de Fernando Meirelles comme une prophétie? Quelqu’un disait récemment que les films ne prédisent pas l’avenir, qu’ils le reflètent. Je pense que nous sommes le reflet des pensées et des angoisses de la culture dont nous sommes issus, tout simplement.

Comment vous êtes-vous préparée à devenir le dernier repère civilisé d’une communauté aveugle et animale? Ça m’a beaucoup aidée, en arrivant sur le plateau, de constater le soin exceptionnel apporté aux décors, glauques au point où les acteurs se sentaient presque malades. Puis, pendant le tournage, nous étions si soudés que nous formions une communauté, ce qui rejoint le propos du film.

Ce sentiment de communauté serait-il également lié au fait que Blindness, produit par le Brésil, le Japon et le Canada, est un «film du monde», sans patrie officielle? Oui, c’est vrai. Dans toute l’équipe, nous n’étions que trois Américains, ce qui était pour moi très rafraîchissant. Nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé et je pense que l’avenir du cinéma passe par la coproduction. Je suis heureuse de pouvoir être de la partie.
MARTIN BILODEAU