«Les gens sont toujours étonnés quand ils apprennent que j’ai été élevée en anglais. Je considère ça comme un compliment.» La comédienne ne maîtrisait guère la langue de Molière avant d’entrer à l’École nationale de théâtre.

Elle a grandi dans le West Island, et ses parents, bien que francophones, ont longtemps vécu aux États-Unis. Choisissant ses mots avec précaution, Jacinthe Laguë parle lentement mais sans accent discernable. «Ç’a été une évolution très progressive et ardue. Mais je voulais me rapprocher de mes racines, m’intégrer à la culture québécoise.» Mission accomplie. Son interprétation de Manon, la touchante survivante du film Elles étaient cinq, de Ghyslaine Côté, a révélé sa sensibilité à un large public et lui a valu une nomination à un Jutra. Pendant cinq ans, Jacinthe Laguë a surtout joué au théâtre (L’odyssée, Tristan et Yseult, L’avare…). La scène lui offre cette fois un défi de taille:
le rôle-titre d’Antigone, de Sophocle. Une tragédie antique transplantée par Lorraine Pintal dans la dictature grecque des années 60. Antigone brave l’autorité du roi (Vincent Bilodeau) pour ensevelir son frère selon les rites de sa foi.

«Elle traverse les épreuves par amour. C’est une grande amoureuse, une femme mue par sa croyance en la justice.»
Au printemps, la menue comédienne de 32 ans jouera deux fois à l’Espace Go, notamment le rôle d’un garçon de 8 ans dans Désordre public. L’un des rêves que caresse la native du West Island? «Jouer du Tremblay dans une cuisine…»

INFO : Antigone de Sophocle, du 22 novembre au 17 décembre, au Théâtre du Nouveau Monde; www.tnm.qc.ca