Il est 13 h 25 lorsque j’emprunte le minuscule ascenseur du chic hôtel parisien Prince de Galles pour rejoindre la suite où se déroulera notre entretien avec Charlize Theron. Dans la pièce lumineuse, l’actrice nous attend, confortablement assise sur un canapé. Elle porte une jupe crayon marine et un chemisier bleu poudre, qui accentuent la profondeur de ses yeux azur et la blondeur de ses cheveux courts.

Charlize, égérie du parfum J’adore, de Dior, depuis 10 ans, est d’une beauté à couper le souffle. Non seulement elle est magnifique, mais elle dégage aussi beaucoup de confiance et d’assurance. L’amour y serait-il pour quelque chose? Peut-être, car la veille, au musée Rodin, la Sud- Africaine assistait au défilé haute couture 2014-2015 de Dior, bras dessus, bras dessous avec Sean Penn, un ami de longue date devenu depuis peu son chéri. Les marques d’affection échangées par les tourtereaux ne sont d’ailleurs pas passées inaperçues… Morceaux choisis de notre rencontre avec une fille à qui tout sourit.

On a souvent l’impression qu’il y a peu de place pour les femmes de plus de 40 ans à Hollywood. Qu’en pensez-vous? Le vrai problème, c’est qu’après un certain âge les femmes sont mises à l’écart dans beaucoup de domaines, alors que les hommes, eux, montent en grade. Peut-être parce que c’est profondément ancré dans les mentalités. Ne dit-on pas que les femmes se fanent comme des fleurs après 35 ans, tandis que les hommes vieillissent comme un bon vin? J’éprouve énormément de respect pour celles qui tentent, par tous les moyens, de briser ce cliché.

Vous avez lancé votre propre compagnie de production il y a quelques années. Que vous apporte le rôle de productrice? Dans ma vingtaine, je n’avais pas conscience du processus de création sous-jacent à un film. Avec le temps et l’expérience, j’ai réalisé que l’industrie du cinéma ne se limite pas aux plateaux de tournage. Et, curieuse, j’ai plongé dans le métier de productrice. Depuis, j’ai la chance de travailler avec plusieurs amis, de voyager avec eux et de faire des films que j’aime vraiment! C’est valorisant d’être celle qui prend les décisions.

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Pourriez-vous quitter votre carrière d’actrice pour vous concentrer sur la production? Qui sait? Il y a quelques années, jamais je n’aurais pensé produire des films un jour. Au fil du temps, j’ai appris à saisir les chances qui s’offraient à moi. Je ne sais pas comment je percevrai mon métier d’actrice dans 10 ans. Peut-être qu’un jour, jouer ne me rendra plus heureuse. Peut-être aussi qu’à 70 ans j’apparaîtrai encore à l’écran, envers et contre tous les critiques qui souhaiteront ma mise au rancart!

Vous êtes actrice, productrice, mannequin, maman… Comment arrivez-vous à concilier tout ça? Je ne suis pas seule, j’ai de l’aide pour me permettre de mener de front tous mes projets. Chaque femme qui travaille connaît les mêmes soucis: il faut gérer son temps, cibler ses priorités et trouver un équilibre entre le boulot et la famille. Le plus dur, aujourd’hui, c’est que les femmes veulent tout: être une bonne mère, avoir une carrière florissante et un couple épanoui. Mais concilier vie professionnelle et vie familiale est terriblement difficile… Ce qui, heureusement, n’empêche pas les femmes de se lancer dans l’aventure de la maternité.

Quelles valeurs voulez-vous transmettre à votre fils? J’aimerais qu’il soit indépendant, autonome et qu’il parvienne à trouver sa voie. J’aimerais aussi qu’il soit assez brave pour explorer la vie, qu’il éprouve de la compassion et qu’il soit à l’écoute de ses besoins comme de ceux des autres. Est-ce trop? Ah oui, j’oubliais: je croise aussi les doigts pour qu’il ait le sens de l’humour! (rires)

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Vous avez quitté l’Afrique du Sud pour les États-Unis il y a 20 ans. Comment pensiez-vous que la situation évoluerait dans votre pays natal? À l’époque, j’espérais surtout que l’Afrique du Sud adopte enfin une convention des droits de l’homme. J’avais 16 ans lorsque Nelson Mandela a été libéré et je crois qu’à partir de ce moment toute la population s’est mise à espérer un changement radical. Les Sud-Africains étaient conscients que la démocratie ne se ferait pas sans heurts, mais que c’était le prix à payer pour accéder à la liberté et à l’égalité. Nous sommes une très jeune démocratie, et la partie n’est pas gagnée. Nous avons le plus haut taux mondial d’infection au VIH. Ça ne devrait pourtant plus être le cas aujourd’hui, mais ça l’est encore. C’est ce qui m’a poussée à créer Africa Outreach Project, qui a pour mission d’aider les jeunes Africains à se protéger du sida.

Que diriez-vous à la jeune fille que vous étiez en début de carrière? Je ne crois pas que je lui dirais quoi que ce soit. Quand je pense à toutes les expériences de vie difficiles, à toutes les pertes et les douleurs que j’ai connues, je me demande ce que je serais devenue sans elles… Et étrangement, je suis de plus en plus reconnaissante à la vie, aussi complexe soit-elle.  

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