1 Je suis né un 25 juillet, le jour du Noël des campeurs. Cette année, j’ai fêté mes 40 ans, et je n’ai pas beaucoup aimé ça. Quand on est dans la quarantaine, on se regarde dans le miroir et on se demande si on a raté le train; si on est devenu celui qu’on souhaitait devenir.

 

2 On m’imagine bien plus gentil que je le suis réellement. Quand j’anime une émission de télé, je ne joue pas un personnage, mais je suis pas mal plus baveux dans la vie. Plus cinglant, aussi. Ça ne fait pas de moi un tueur en série, mais bon, vous comprenez ce que je veux dire…

 

3 Je n’en peux plus du politically correct. Je ne suis plus capable d’entendre les gens dans les médias dire constamment ce qu’il faut dire, comme «Je recycle», «Je vais travailler en vélo»… De même, je trouve l’hypocrisie de nos dirigeants dangereuse.

 

4 Je ne suis pas croyant, mais j’adhère aux valeurs humanistes des religions. Notamment aux 10 commandements. Je crois à une philosophie de vie basée sur le gros bon sens.

 

5 Évidemment que j’ai peur de mourir! J’ai un enfant handicapé qui ne parle pas et qui ne sait pas distinguer une lumière rouge d’une lumière verte. Que va-t-il lui arriver si je ne suis pas à ses côtés? Que va-t-il faire dans ce monde qui abandonne ses vieux à l’hôpital dans leurs couches sales?

 

 

6 Ça m’emmerde qu’on aborde toujours la question de mon fils autiste quand j’accorde une entrevue. Il faut croire que c’est vendeur. De mon côté, si j’accepte d’en parler, ce n’est pas pour me faire un «capital de sympathie» ni pour me donner bonne conscience. C’est parce que j’ai une responsabilité envers lui et que ça peut aider des gens dans la même situation que nous.

 

7 L’antiaméricanisme aveugle m’exaspère. J’aimerais qu’on arrête de se faire croire qu’on est Européens: on est Américains. On mange, on consomme, on travaille comme des Américains. Notre rapport à l’argent est américain… On n’est pas si distincts de nos voisins du Sud.

 

8 Nos rues pleines de trous, par contre, nous différencient. Nos ponts qui tombent aussi. Et je ne parlerai pas du CHUM, qu’on n’arrive pas à construire, et de la rue Notre-Dame, qu’on est incapable de finir. Du coup, on l’est, distincts, avec notre french savoir-faire…

 

9 La vie est pleine de paradoxes. René Simard est chanteur, alors que ses enfants sont sourds. Moi, j’anime des émissions où je fais parler les enfants, alors que mon fils ne dit pas un mot.

 

10 Je n’abandonnerai jamais. Je serai un homme, un vrai. Si à un moment donné j’ai envie de pleurer, je m’enfermerai dans ma voiture et mettrai la musique à fond pour étouffer mes sanglots. Je ne lâcherai jamais, même si je sais que ce serait plus facile de vivre ce que je vis une semaine sur deux.

 

Charles Lafortune anime les jeux télévisés Le cercle et La classe de 5e à TVA.