Il est 11 h 15. Comme prévu, le téléphone sonne. Au bout du fil: Naomi Watts. L’actrice a une voix douce, posée. Une voix d’introvertie. Par instants, on dirait même qu’elle chuchote plus qu’elle ne parle. Elle est à New York, à l’appartement familial. J’entends au loin les voix de ses deux fils, Alexander et Samuel, qui semblent absorbés dans leurs jeux.

Naomi Watts est en pause entre deux tournages et, en ce moment précis, mère à temps plein. Un rôle qu’elle embrasse évidemment avec grand plaisir, même s’il n’est pas de tout repos: «Ça n’a rien à voir avec des vacances! Je n’ai pas le temps de m’asseoir. Il y a toujours des trucs à faire avec les enfants: les amener à l’école, aller les chercher, se rendre à des anniversaires… Ça n’arrête pas!» dit-elle en riant de bon cœur.

Une chose est certaine: au boulot aussi, ça roule, pour la blonde actrice! Nous la verrons apparaître sous les traits de Lady Di dans Diana, un film très attendu relatant les deux dernières années de la vie de la princesse de Galles (sortie prévue en 2014). Mais auparavant, nous pourrons apprécier son jeu dans le drame Adore (en salle le 6 septembre), signé Anne Fontaine (Coco avant Chanel): elle y incarne une femme qui a une aventure avec le fils de sa meilleure amie: «C’est Julianne Moore qui m’a d’abord parlé de ce projet. Elle y était attachée, mais elle ne pouvait malheureusement pas y participer.»

Après avoir lu le scénario (inspiré d’une nouvelle tirée du recueil Les grand-mères, du prix Nobel de littérature Doris Lessing), Naomi Watts a été charmée, elle aussi. L’histoire est dense et provocante à souhait: deux femmes dans la quarantaine, incarnées par Naomi Watts et Robin Wright (Forrest Gump), sont seules sur la côte australienne en compagnie de leurs fils. Belles et désirables, ces très grandes amies finiront chacune par coucher avec le fils de l’autre. L’audace du sujet réjouit la comédienne au plus haut point. Après tout, «il y a si peu de films où on voit des femmes qui embrassent leur sexualité!» dit-elle. 

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Il s’agit certainement d’un film charnière pour l’actrice qui, à 44 ans (admettez qu’on lui en donnerait facilement 10 de moins!), se dit consciente d’entrer dans une nouvelle phase de sa carrière. Car, Naomi, qui a encore l’allure d’une femme fatale, est maintenant appelée à jouer des personnages d’âge mûr. Mais n’allez pas croire que cette évolution lui donne des cheveux blancs! «C’est plutôt agréable, en fait. J’ai toujours pensé que plus longue est la vie, plus profondes sont les expériences. Et les rôles que je tiens aujourd’hui en sont le reflet. J’incarne des femmes qui ont aimé, qui ont pu vivre un divorce, qui ont des enfants ou qui en ont même perdu. Elles sont à un stade de leur vie où les choses sont plus compliquées. Je trouve ces personnages plus intéressants.»

Elle reconnaît qu’il est difficile de vieillir devant la caméra; elle sait aussi qu’une carrière peut être affectée par l’apparition des rides. «Les gens disent que si vous avez l’air âgée, vous ne pouvez pas être sexy, et vous ne pouvez donc plus être la star d’un film.»

Pour beaucoup d’actrices, la solution consiste à multiplier les rendez-vous chez le chirurgien esthétique. Naomi Watts est réfractaire à cette idée. Si elle doit choisir, elle choisit d’assumer ses rides, du moins. «Il faut bien que quelqu’un tienne le rôle de la petite vieille, non? dit-elle en s’esclaffant. Pour l’instant, je préfère mon visage avec ses rides; je ne voudrais pas qu’il subisse des dommages irréversibles et que mes traits soient figés au point où j’aie de la difficulté à dénicher du travail.»

Elle comprend toutefois que ses collègues puissent se mettre à douter d’elles-mêmes. Naomi n’est pas dupe. Elle remarque qu’il faut parfois plus de temps aux éclairagistes pour éliminer toutes traces d’ombre sur son visage… On se rend compte, en l’écoutant, qu’elle aimerait ne jamais avoir recours à la chirurgie et bannir le mot bistouri de son vocabulaire, mais qu’elle hésite. «C’est très répandu. Je comprends qu’on en arrive là, car c’est foutrement dur d’être une femme dans ce milieu! C’est difficile de résister, et c’est une bataille à mener. J’ai des amies actrices qui ont eu des chirurgies discrètes, et ça s’est bien passé pour elles. Pour ma part, je ne sais pas si j’y recourrai un jour. Reposez-moi la question dans cinq ans!» lance-t-elle, honnête.

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En scrutant la carrière de l’actrice, on se rend compte qu’elle n’est pas du genre à baisser les bras. L’adversité, elle connaît. Et elle l’a toujours affrontée avec un aplomb exceptionnel. Contrairement à certaines comédiennes qui, à peine sorties de l’adolescence, ont vu les portes de Hollywood s’ouvrir toutes grandes devant elles, Naomi Watts a trimé dur avant de se faire un nom. Elle a passé plus de 10 ans à vivoter, allant d’un rôle insipide à un autre. Endettée et incapable de payer son loyer, elle a songé à laisser tomber son rêve hollywoodien à plus d’une reprise au cours des années 1990. «J’ai fait des jobs vraiment médiocres, juste pour éliminer mes dettes et garder la tête hors de l’eau.»

Mais plus déterminée que la moyenne des wannabe starlettes qui débarquent chaque jour à l’aéroport de Los Angeles, elle a tenu bon et n’a jamais perdu son rêve de vue. «Il faut dire que je ne savais rien faire d’autre!» admet-elle en riant.

Naomi Watts est née en Angleterre et a grandi dans un univers plutôt bohème. Son père a notamment été directeur de tournée du groupe Pink Floyd, et sa mère était costumière. Naomi et son frère (le photographe Ben Watts) ont eu une enfance difficile (leurs parents se sont séparés quand elle avait quatre ans, et leur père est mort d’une overdose d’héroïne trois ans plus tard). Cependant, à l’instar de leurs parents, ils sont tous deux animés d’un goût pour les arts.

Naomi a commencé à suivre des cours de théâtre à 14 ans, lorsque sa famille a déménagé en Australie. Plus douée pour la comédie que pour les études, Naomi a quitté rapidement les bancs d’école pour se consacrer à sa carrière d’actrice et de modèle. C’est d’ailleurs à cette époque qu’elle s’est liée d’amitié avec Nicole Kidman. Les deux actrices se sont en effet rencontrées à une audition pour une pub de bikinis. Ni l’une ni l’autre n’a décroché le contrat, mais elles sont reparties en taxi ensemble et ont fait naître une belle amitié.

Peu de temps après, la carrière de Nicole Kidman a connu un départ fulgurant à Hollywood (son mariage avec Tom Cruise aidant!). En comparaison, celle de Naomi Watts a longtemps fait du surplace.

«Tout a réellement changé le jour où David Lynch m’a offert un rôle incroyable dans Mulholland Dr.» Après la sortie en 2001 de ce thriller aux accents surréalistes, Naomi Watts est enfin propulsée au firmament des stars. En 2002, le public la retrouve dans le film d’horreur The Ring, puis l’année suivante, dans le thriller dramatique 21 Grams, aux côtés de Sean Penn et de Benicio Del Toro. En 2005, elle tient le premier rôle féminin dans le très attendu King Kong, de Peter Jackson.

De succès populaire en succès critique, elle devient une des actrices les plus respectées de sa génération. En 2009, le magazine Forbes soutient même qu’elle est l’actrice hollywoodienne la plus «rentable» pour les producteurs. De leur côté, les cinéphiles et les critiques ne cessent de s’extasier devant les films qu’elle choisit, particulièrement depuis qu’elle a joué coup sur coup avec deux de leurs réalisateurs chouchous: Michael Haneke (Funny Games) et David Cronenberg (Eastern Promises).

Il n’y a pas que la carrière de Naomi Watts qui retient l’attention des médias. À la suite de Mulholland Dr., sa vie personnelle fait aussi la une des journaux, particulièrement après le début de sa relation amoureuse en 2002 avec la jeune star montante Heath Ledger, de 10 ans son cadet. Les deux acteurs, qui se sont rencontrés sur le plateau du film Ned Kelly, se fréquentent pendant deux ans.

En 2005, Naomi Watts a succombé aux charmes d’un autre acteur: Liev Schreiber (The Manchurian Candidate), qui partage encore aujourd’hui sa vie. Huit ans plus tard, le couple a deux enfants et habite tantôt à Los Angeles tantôt à New York au gré des tournages de l’un et de l’autre.

Comme bien des enfants du divorce, Naomi Watts se félicite de la stabilité qu’elle peut offrir à sa petite famille. Elle avoue que ça n’a pas toujours été facile pour elle d’être bringuebalée, enfant, d’un bout à l’autre du Royaume-Uni avant d’atterrir en Australie. D’autant plus que sa mère ne roulait pas sur l’or: «C’est formidable de pouvoir élever ses enfants dans un environnement aussi équilibré qu’est le mien. Entretenir une relation amoureuse à long terme demande beaucoup de travail, mais il demeure que c’est génial de faire partie d’une famille où tous se sentent heureux et en sécurité.»

Puisque leurs bambins commencent à être en âge d’aller à l’école, les tourtereaux comptent s’ancrer davantage à New York au cours des années à venir. Ils viennent d’ailleurs de s’acheter un immense appartement de quatre millions de dollars dans le chic quartier new-yorkais de Tribeca! On l’aura compris, l’époque où Naomi Watts avait des difficultés à payer son loyer est bel et bien derrière elle! 

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