Plus de 30 ans après sa mort tragique, Grace Kelly continue de nous fasciner par sa personnalité complexe et son destin hors du commun. Elle venait tout juste de s’imposer comme une grande star de Hollywood dans les années 1950 quand elle a renoncé à sa carrière d’actrice pour devenir souveraine de la principauté de Monaco. Elle a alors accepté des responsabilités dont elle s’est servie à bon escient pour exprimer sa générosité et créer des oeuvres de bienfaisance.

Mais Grace se distinguait aussi par une autre qualité: son élégance intemporelle et son bon goût indéfectible en matière de mode. C’est sous cet angle que le Musée McCord, dont un des mandats est de traiter de l’histoire sociale de la mode, a choisi d’explorer le «mystère Kelly» (l’exposition de Toronto Grace Kelly: From Movie Star to Princess, tenue à la fin de 2011, s’attardait plutôt à sa carrière cinématographique). «Les vêtements sont des objets très intimes: ils racontent un pan de l’histoire personnelle de quelqu’un», nous dit Anne MacKay, chef de la restauration au Musée McCord.

L’institution montréalaise a approché le palais de Monaco, qui a accepté de lui prêter des robes, des photos et d’autres objets révélateurs. Résultat: Grace Kelly élira domicile tout l’été à Montréal, ce qui donnera l’occasion aux Québécois de s’approcher comme jamais de l’icône.

Pour la petite histoire, on a dit que Grace Kelly était très fidèle en amitié. Visiblement, elle l’était aussi en matière vestimentaire. «Elle portait beaucoup ses robes, contrairement aux vedettes d’aujourd’hui», mentionne Mme MacKay. Est-ce parce qu’elle était très près de ses sous, comme le laissent entendre certains biographes? Une chose est certaine, les principaux dommages qui déparaient ses tenues étaient vraiment causés par l’usure… Voici un aperçu des autres choses qu’on apprendra grâce à cette expo-évènement.

Photo: Son mariage avec le prince Rainier III de Monaco le 19 avril 1956 (Archives du palais princier de Monaco)

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1. Une audition payante
Élevée dans une famille catholique aisée de Philadelphie, par une mère d’origine allemande et un père irlandais de souche ayant fait fortune, la timide et sensible Grace nourrit l’espoir de devenir comédienne. En 1947, à 17 ans, elle part étudier l’art dramatique à New York. Elle pose comme mannequin, apparaît dans quelques pubs et joue au théâtre. Au printemps de 1952, elle auditionne pour obtenir un rôle dans le film Taxi, de Gregory Ratoff. Celui-ci ne la choisira pas, mais John Ford et Alfred Hitchcock, qui visionnent son bout d’essai, la remarquent. On pourra tenter de déceler ce que ces grands cinéastes ont vu de si prometteur dans cette audition

2. La muse d’Hitchcock
Séduit par l’actrice, le maître du suspense lui confie des rôles dans trois films, parmi ses meilleurs: Rear Window, Dial M for Murder et To Catch a Thief. «Savez-vous que Grace Kelly, apparemment si froide, cache un volcan de sensibilité, d’érotisme et de passion?» dira-t-il d’elle. Parmi les souvenirs de cette époque: un ensemble pêche au corsage brodé que la blonde comédienne portait dans To Catch a Thief.

3. Une ascension fulgurante
De 1951 à 1956, Grace Kelly jouera dans 11 films aux côtés de grosses pointures comme Gary Cooper, Clark Gable, Cary Grant et Frank Sinatra. En 1955, elle reçoit l’Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dans The Country Girl, de George Seaton. Elle n’a que 25 ans. La précieuse statuette ainsi que des photos de la cérémonie figurent dans l’exposition.

4. Le look Grace Kelly
Dès 1953, Grace devient une icône de la mode américaine. Plusieurs morceaux de l’exposition illustrent son style élégant mais très sobre, dont un tailleur en laine Dior qu’elle a porté et reporté, ainsi que les incontournables gants blancs qui faisaient partie de son image de marque.

Photo: Cet ensemble a été porté par Grace dans To Catch a Thief, d’Hitchcock (Charles Briand)

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5. Une robe déjà portée pour les Oscars
La robe en satin de soie vert pâle que porte Grace Kelly aux oscars est signée Edith Head, la célèbre designer de costumes, mais c’est l’actrice qui en a choisi le tissu et le design. Fait étonnant: elle ne l’étrenne pas à la cérémonie des Academy Awards. «Elle l’avait mise à la première de The Country Girl quelques mois avant», relate Cynthia Cooper, conservatrice et chef des collections et de la recherche au Musée McCord. La star la revêtira à nouveau lorsqu’elle posera pour la couverture du magazine Life d’avril 1955.

6. Le sac Kelly
Le jour de cette fameuse annonce, une photo bouleversera la destinée du sac à main Hermès dessiné par Robert Dumas: on l’aperçoit à la main de la star, que son noble fiancé aide à descendre de voiture. Les dés sont jetés: l’accessoire sera renommé le «sac Kelly». Le musée présente l’objet-culte.

7. La rencontre historique
En mai 1955, Grace Kelly présente The Country Girl au Festival de Cannes. Un reporter de Paris Match en profite pour l’inviter à prendre part à une séance photo en compagnie du prince Rainier III au palais de Monaco. Une panne d’électricité l’empêchant de faire sa mise en plis, l’actrice improvise un chignon et se coiffe d’un bibi à fleurs brodées (à voir dans l’expo). Le Prince se dit charmé par «la fraîcheur, la maturité, la sensibilité et la culture» de Grace. Ils se fianceront huit mois plus tard.

8. Une bague Cartier, ma chère!
La bague de fiançailles de Grace Kelly, achetée chez Cartier à New York, est ornée d’un diamant de 10,47 carats. On ne la verra pas au Musée McCord, mais on pourra l’admirer sur des photos de l’annonce officielle de son mariage en janvier 1956.

Photo: En 1955, elle gagne l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans The Country Girl. Elle renfilera sa robe en satin de soie pour la couverture du magazine Life, quelques semaines plus tard.

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9. Un trousseau original
Entorse à la coutume: plutôt que de les conserver, le studio MGM offre à la future mariée les tenues qu’elle porte dans High Society, son dernier film, en guise de trousseau. Trois de ces robes sont exposées.

10. Le mariage du siècle
Regardé par 30 millions de téléspectateurs et hautement médiatisé pour l’époque, le mariage de Grace Kelly et du prince Rainier III est qualifié de «mariage du siècle». Le 19 avril 1956, 1600 journalistes et photographes sont présents à l’évènement – plus que l’ensemble des journalistes qui ont écrit sur la Seconde Guerre mondiale.

11. Les robes de mariée
Helen Rose, qui a réalisé la robe de mariée de Grace Kelly pour le film High Society, a aussi dessiné ses deux «vraies» robes, pour ses mariages civil et religieux. Celle que portait la nouvelle princesse à l’église, en dentelle et tulle de soie, est conservée (mais non exposée) au Philadelphia Museum of Arts. Le Musée McCord a quand même réussi à mettre la main sur les chaussures qu’avait la jeune épouse lors du service religieux, ainsi que sur l’ensemble qu’elle avait enfilé pour son mariage civil.

12. L’amour de son prochain
Philanthrope et généreuse, la princesse a mis sur pied l’Association mondiale des amis de l’enfance et la Fondation Princesse Grace de Monaco, une oeuvre internationale de bienfaisance. Elle a aussi été présidente de la Croix-Rouge monégasque jusqu’à sa mort, en 1982, dans un accident de voiture. Qui dit oeuvres caritatives dit activités-bénéfice… et tenues à l’avenant! Vous pourrez admirer plusieurs robes de bal signées Dior, Givenchy, Balenciaga, Madame Grès et Lanvin.

Photo: Son mariage avec le prince Rainier III de Monaco le 19 avril 1956 (Archives du palais princier de Monaco)

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13. La princesse à Expo 67
Il était incontournable, pour un musée montréalais, de montrer des photos de la visite de la princesse à Expo 67, ainsi que la robe fleurie qu’elle portait pour l’occasion. Le couple était accompagné de ses deux enfants les plus âgés, Caroline et Albert (la petite Stéphanie était demeurée au palais). Quelque 140 000 personnes, soit sept fois la population de Monaco, sont venues voir Son Altesse sérénissime à Terre des Hommes!

14. Devant et derrière la caméra
Les extraits de films personnels qui sont présentés à l’exposition illustrent la place constante du cinéma dans la vie de Grace. Ses parents les filmaient, son frère, ses deux soeurs et elle, quand ils étaient petits. Elle a elle-même immortalisé sur pellicule la vie de plateau pendant les tournages. Une fois mère, elle s’est aussi amusée à filmer à son tour ses trois enfants.

15. Une beauté naturelle
De nombreuses photos émaillent l’exposition, dont certaines de Howell Conant, qui a pris des centaines de clichés de Grace. «Elle était comme ça: naturelle, humble», dit-il à propos de son amie, dont la beauté n’a jamais été assombrie par les excès, contrairement à celle d’autres stars des années 1950. Comme l’écrit le designer Tommy Hilfiger dans la préface du livre Grace Kelly – Les images d’une vie: «Elle était d’une beauté naturelle, sans prétention ni artifice. Grace Kelly n’avait pas besoin de miser sur sa coupe de cheveux, son maquillage, ni même de s’encombrer de bijoux. Elle était étonnamment entière, confiante, humaine et d’une aisance en toutes circonstances. La pureté, je crois, était sa plus grande richesse.»

Photo: Une des tenues de Grace Kelly parmi la quarantaine présentée au Musée McCord (Charles Briand)

De Philadelphie à Monaco: Grace Kelly – Au-delà de l’icône, jusqu’au 6 octobre, au Musée McCord.

Après avoir porté à l’écran la vie d’Édith Piaf dans La vie en rose, Olivier Dahan nous offrira en décembre prochain Grace of Monaco, qui s’attardera surtout sur les années 1961-1962, alors qu’une crise financière et économique oppose la France à la principauté monégasque. Dans la peau de la célèbre princesse: Nicole Kidman.

 

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Le tapis rouge du lancement de l’exposition de Grace Kelly

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