Non, Valerye n’enfile pas ses bottes à cap et son casque chaque matin pour se salir les mains au chantier. La jeune femme de 26 ans, qui occupe un poste de chargée de projet depuis six ans, orchestre plutôt son équipe de travailleurs au quotidien.

« Depuis que je suis toute petite, j’accompagne mon père sur les chantiers. On fait de la rénovation et on s’occupe de plusieurs autres petits projets. La construction est donc quelque chose qui me passionne depuis longtemps, explique-t-elle. J’ai hésité à me diriger en menuiserie/charpenterie comme mon père, mais mon côté « gestion » était aussi très développé.»

Intégration en douceur

Immédiatement après sa technique en architecture, Valerye a trouvé un emploi dans une entreprise spécialisée dans l’installation et la rénovation de toiture. Ainsi, depuis ses débuts, elle travaille avec les mêmes couvreurs, ce qui a fait en sorte de diminuer ses chances d’être victime de discrimination.

«Il y a eu une intégration à faire au départ, mais ça n’avait pas de rapport avec le fait que je sois une femme. C’était plus une question d’âge: les gens semblaient agacés du fait que j’étais très jeune. Heureusement, j’ai eu des patrons en or, qui m’ont vraiment aidée à m’intégrer. Pour eux, le fait que je sois une jeune femme n’a jamais rien changé», précise-t-elle.

Valerye Daviault n’a donc jamais vécu d’intimidation au travail, même si elle avoue que son poste de gestionnaire joue un grand rôle dans le respect que les différents corps de métier lui vouent.

«En 2016, on est rendu à l’étape de briser les préjugés. J’ai plusieurs amies qui sont dans la construction, qui font du travail manuel tous les jours et qui sont capables de le faire aussi bien que les hommes, même si elles utilisent parfois une manière ou une approche différente», poursuit-elle.

Selon les dires de Valerye, les femmes dans la construction auraient quelques atouts supplémentaires, et ce, principalement en position de gestion. Elles éviteraient de «se crier par la tête» et tenteraient plutôt de comprendre le problème afin de trouver des solutions. Au final, en tant que gestionnaires, les femmes arriveraient à garder leurs employés plus longtemps.

Les « Elles » à la rescousse

Comme bien des femmes œuvrant dans ce domaine, Valerye Daviault fait partie du réseau Les Elles de la construction. Cet organisme défend la place des femmes dans ce milieu où elles se font rares.

En effet, on retrouve seulement 1,5% de femmes sur les chantiers au Québec. Les chiffres ne mentent pas…

« L’objectif des Elles est de briser les préjugés et de faire comprendre qu’une personne peut être compétente, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, d’un père ou d’une mère», explique celle qui figure au conseil d’administration de l’organisme depuis l’an dernier.

Grâce à une série d’activités de réseautage et de conférences, Les Elles permettent donc aux travailleuses de la construction de partager leurs expériences et de s’inspirer.

«Le domaine de la construction est très stressant, alors d’aller réseauter et de rencontrer des femmes qui vivent la même chose que toi, ça donne du power pour aller de l’avant», conclut-elle.

Grâce à des initiatives comme celle-ci et à la volonté de la Commission de la construction du Québec (CCQ) de promouvoir les femmes dans les métiers de la construction, Valerye Daviault note une nette amélioration quant à la parité des sexes dans son domaine.

Mais le plus dur pour la gent féminine demeure de trouver un emploi rapidement lorsqu’elle obtient son certificat de compétence et de persévérer dans ce milieu. Pour l’instant, en effet, 57% des femmes quittent après cinq ans…

Découvrez-en plus sur les métiers surprenants incarnés par des femmes en visionnant la série Blue Moon!

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