Comme je vous le disais hier, j’avais très hâte d’entendre la conférence de Hillary Rhodam Clinton et j’espérais qu’elle parle des femmes, de leur place en politique et de leur relation au pouvoir. L’ancienne secrétaire d’État américaine a largement dépassé mes attentes: son discours portait exclusivement sur ces thèmes!

En passant, j’avoue avoir été assez surprise de voir les articles sur la conférence ce matin. Beaucoup d’entre eux ne rapportaient que les propos de l’ex-sénatrice sur Poutine, l’Ukraine et l’Arctique, alors qu’elle n’a parlé qu’une dizaine de minutes de ces thèmes, à la toute fin de son entrevue avec Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.

Que disait donc Hillary Clinton hier soir? Que la participation des femmes à l’économie stagne depuis les dernières décennies et qu’il reste bien des plafonds de verre à briser. Il faut que les gouvernements, les entreprises et les organisations non gouvernementales réduisent les inégalités en Occident et dans les pays en développement. Pas juste pour des raisons sociales, mais surtout pour des raisons économiques, a-t-elle insisté. La participation des femmes est rentable sur tous les plans: économique, social et politique. De plus, aujourd’hui, avec les transformations que nous vivons, nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller l’apport une seule personne.

Est-ce que son propos est nouveau? Pas vraiment, à tout le moins pour ceux (surtout celles) qui s’intéressent aux questions féminines. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la personne qui tient ce genre de propos et le public à qui elle s’adresse. Je m’explique.

Jusqu’à ces dernières années, c’était plutôt des féministes, des journalistes, des intellectuelles et certaines politiciennes qui argumentaient en faveur d’une plus grande place de la gent féminine dans la société. Aujourd’hui, ce sont des Hillary Rodham Clinton, des Sheryl Sandberg (numéro 2 de Facebook) et des Monique Jerôme-Forget (ex-ministre des finances) qui portent ce débat sur la place publique. La différence? Ces femmes-là font partie du boy’s club. Elles ont du pouvoir, des compétences, de l’influence, et surtout de la crédibilité auprès des hommes. Or, dans le milieu des affaires, ce sont encore les hommes qui décident, qui créent les entreprises, recrutent et accordent des promotions, comme le rappelait Margarita Lafontaine, fondatrice du magazine Premières en Affaires, dans sa conférence TEDxMontrealWomen en décembre dernier.

Parlant de décideurs, ils étaient fort nombreux parmi les 4300 personnes qui assistaient à l’évènement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En plus des chefs de parti (Pauline Marois, Philippe Couillard et François Legault), tout le Québec Inc était là, dont les plus grands dirigeants et dirigeantes de nos entreprises. Se seraient-ils déplacés pour écouter une femme parler de l’importance des femmes si ce n’avait été l’ex-sénatrice et secrétaire d’État américaine? Pas sûr…

Autre particularité: les arguments donnés pour défendre une plus grande participation des femmes à l’économie. Il fut un temps où c’était des questions morales et de justice, a dit l’ancienne première dame hier soir. Aujourd’hui, c’est une question économique. Les pays qui ouvrent la porte aux femmes voient leur PIB augmenter de façon significative. Les villages africains où les femmes travaillent ont de l’eau plus propre dans leurs puits et des enfants en meilleure santé. Les entreprises qui ont des femmes dans leur conseil d’administration font de meilleurs profits à long terme.

Comment faire pour que les femmes puissent atteindre ces fameux conseils d’administration et ces hautes sphères du pouvoir? S’appuyant sur sa longue expérience, l’avocate, ex-sénatrice et secrétaire d’État avait plusieurs bons conseils à donner. Vous les trouverez ici.