Son CV

  • 2006 Elle obtient un DEC en design de mode au Cégep Marie- Victorin.
  • 2007 Elle entre comme costumière au Cirque du Soleil.
  • 2011 Elle est embauchée par Dress2kill à Londres.
  • 2013 Elle travaille à l’atelier de Mylène B.

«La première fois que j’ai touché à une machine à coudre, c’était à l’école secondaire, dans un cours d’économie familiale. Je n’ai pas eu de grande révélation, mais j’ai été intriguée. Assez pour avoir envie de fabriquer quelque chose par moi-même ensuite.

«J’ai cousu un jean (raté) pour mon chum et un pantalon en lin (réussi) pour ma mère… Ça m’a pris des semaines, mais j’ai adoré le fait d’avoir un vêtement fini entre les mains. Quelque chose de concret.

«Après le secondaire, je me suis donc inscrite en design de mode au Cégep Marie-Victorin. Je pensais devenir styliste parce que, adolescente, je passais mon temps à faire les boutiques. Mais c’est finalement la confection des vêtements qui m’a interpellée.

«Coudre, c’est un peu comme résoudre une énigme: il faut réfléchir au patron, trouver la meilleure façon d’assembler les pièces du casse-tête… Ça demande d’être à la fois créatif et rationnel.

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«La couture, c’est un métier humble. Avant, c’était associé à la classe ouvrière. Aujourd’hui encore, ce n’est ni encouragé dans les écoles ni valorisé dans le milieu. On nous demande toujours de faire mieux, en moins de temps.

«Mais c’est aussi un métier noble. On comble un des besoins essentiels de l’être humain, celui de s’habiller. Et ça, ça me touche. D’ailleurs, c’est drôle: dans ma vie, plus je me suis passionnée pour la couture, moins je me suis intéressée à la mode. Je n’aime plus vraiment magasiner parce que je ne veux pas voir des vêtements s’entasser dans une armoire. J’ai trop de respect pour le travail qu’il y a derrière chaque morceau.

«Lorsqu’on sort de l’école, on ne connaît que les bases de la couture. C’est en travaillant comme costumière pour le Cirque du Soleil que j’ai le plus appris, notamment parce que, comme chaque petite nouvelle, j’y ai été jumelée à une couturière d’expérience. Pour apprendre le métier, il n’y a que la pratique. Et le mentorat.

«Ensuite, j’ai mis le cap sur Londres, parce que je rêvais de travailler dans les ateliers de Vivienne Westwood, la punk originelle. Je me suis rendue jusqu’à l’entrée de ses bureaux, mon portfolio sous le bras, mais je n’ai jamais réussi à décrocher une entrevue.

«Je me suis plutôt retrouvée à bosser pour un tailleur à quelques pas de Savile Row. Faire du sur-mesure, ça a renforcé mes convictions. Je suis contre la production de masse. Confectionner un complet destiné à un seul homme, je trouve ça plus logique. Au lieu de jeter son tailleur après un an, le client peut le garder pendant des années parce qu’il lui va comme une gant, qu’il est bien conçu et qu’il est durable.

«Au Québec aussi, il y a une volonté de fabriquer les choses localement, mais c’est la main-d’oeuvre qui manque. Heureusement, on voit apparaître de plus en plus de petits ateliers de couture qui encouragent le partage des connaissances et le travail de qualité.

«C’est dans un endroit de ce genre que je travaille présentement. À l’atelier de la designer Mylène B, j’ai la chance de toucher à tout, de voir des idées naître et grandir. Je continue d’y apprendre un peu plus chaque jour. Et j’espère que bientôt, moi aussi, je pourrai former une petite nouvelle dans le métier…»

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