Certains font des réactions allergiques, des crises d’angoisse ou des poussées de boutons dès qu’ils entendent parler de la rentrée scolaire. Moi, j’ai toujours aimé ça: l’odeur des cartables neufs, des crayons fraîchement aiguisés, du cuir de mon nouveau sac d’école, de mes livres encore vierges, je ne m’en suis jamais lassée. J’ai toujours été fière d’avoir «grandi» d’une année et heureuse de le montrer, vêtue d’un habit de corduroy saumon ou d’une robe de velours rouge. Chaque année, je savourais ce moment de flottement où, inquiète et fébrile, je découvrais mon nouveau prof, le regard furtif des autres élèves, le poids du dictionnaire dans mon sac, la cloche qui sonne…

Toutes mes rentrées scolaires ont été des aventures plus grandes que nature. Des petites révolutions, des minicoups d’État d’émotions. Parce que ma mère avait la bougeotte, l’amour du changement, je déménageais tout le temps. J’arrivais dans un nouveau quartier, une nouvelle école, et je devais me faire de nouveaux amis. Ça me donnait chaque fois un défi social à relever, une occasion de tester ma capacité d’adaptation.

Ma rentrée en secondaire 5 a été particulièrement mouvementée. J’avais quitté Joliette – capitale des drogues douces et des soirées dans les sous-sols d’amis – après des années passées à gambader dans les prés et les parcs, pour aboutir dans le quartier Ahuntsic, à Montréal. Oui, juste à temps pour mon bal des finissants. J’étais presque une adulte, mais pas tout à fait prête à entrer au cégep; assez grande gueule pour me faire entendre, mais pas encore assez sûre de moi pour porter avec panache mon 5 pieds 10 pouces.

 

Arriver à se refaire une vie en secondaire 5 est sûrement une des plus grandes angoisses du monde. Se constituer un groupe d’amis, dénicher un cavalier potentiel, retrouver un tantinet de popularité dans une nouvelle école, toutes ces tâches en apparence anodines ressemblent à des montagnes insurmontables.

J’ai donc débarqué à l’école Sophie-Barat avec une amygdalite aigüe (on «psychosomatise» comme on peut!), la tête enfoncée entre mes frêles épaules, perdue dans mes vêtements un peu trop grands.

Devant cette armée d’inconnus qui se demandaient ce que je pouvais bien faire là, j’ai suffoqué un instant. J’ai dû m’enfiler une dose d’antibiotiques et de vitamine C, prendre une grande bouffée d’air et faire la seule chose qui pouvait me sauver la vie à ce moment précis: m’inscrire à toutes les activités parascolaires possibles! Théâtre, impro, spectacle de fin d’année, comités en tous genres, j’ai donné mon nom partout. Et je me suis croisé les doigts pour trouver ma place quelque part.

J’ai gagné mon pari. Je me suis retrouvée avec un horaire ultrachargé, des fins de semaine remplies à craquer de répétitions, et des nuits blanches à apprendre des textes mais, après à peine deux semaines, j’avais des amis et un univers.

Depuis, j’applique toujours ce principe. Catapultée dans un monde inconnu, je ferme les yeux, je me bouche le nez et je me jette à l’eau: je vais vers les gens au lieu d’attendre, pétrifiée par la gêne, qu’un miracle se produise. Parce que des rentrées, on en aura toute notre vie…

Oui, je cours encore!

Pas besoin de revivre la rentrée pour aller à l’école! Voici quelques idées de cours qui sortent des sentiers battus:

  • Le Camp de rock pour filles. C’est une idée qui est née à Portland, en Oregon, et qui a fait des petits à New York et à Montréal. Chaque année, des filles de 10 à 17 ans apprennent à jouer du rock, à monter un groupe et à tâter de différents instruments en compagnie d’artistes d’ici comme Random Recipe, Giselle Webber et DJ Lynne T. Go, les filles! 
  • L’atelier-boutique Emeline & Annabelle. Cet endroit est à la fois une boutique de couture, un café et le lieu par excellence où apprendre à confectionner soi-même une petite robe pour bébé ou des accessoires de yoga! (6050, av. Monkland, Montréal)
  • Fréquenter la Compagnie des dessins, c’est encourager deux petites filles à apprendre le métier de leur rêve, celui d’illustratrice. Sur leur site, on peut commander des dessins à Maya (8 ans) et à Alix (11 ans), qui se feront un plaisir d’illustrer ce qu’on a imaginé. Gratuit et fantaisiste. 
  • J’ai aussi entendu parler d’ateliers de danse de l’utérus ou de fabrication de dentifrice maison, mais comme tout ça me laisse un peu perplexe, je ne les ai pas encore testés pour vous…

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