Depuis mon enfance, je rêvais d’être pilote. Mon père m’emmenait alors à Dorval pour regarder les avions décoller et atterrir. J’y prenais tellement plaisir que j’en oubliais de manger ou d’aller aux toilettes!

«Plus tard, à l’école, un orienteur m’a dit, très convaincu: « Sois sérieuse, tu ne seras jamais pilote. Tu n’es même pas assez grande pour être hôtesse de l’air! » Il faut dire que j’ai toujours été plutôt menue. Alors, je l’ai cru. Après mes études, je me suis mariée, puis je me suis lancée dans le monde de l’édition. J’ai ensuite travaillé dans les relations publiques (entre autres pour British Airways et Air France). Le jour de mes 45 ans – l’âge qu’avait mon père quand il est décédé -, j’ai pensé: « Combien d’années, de mois, de jours me reste-t-il à vivre? Bon, c’est décidé. Il faut absolument que je réalise mon rêve. »

«J’ai donc commencé à suivre des cours à l’Aéroclub de Montréal (qu’on appelle également aujourd’hui Air Richelieu), à Saint-Hubert. Au fil des années, j’ai obtenu toutes mes licences, jusqu’à ma qualification de vol aux instruments, en 2004. À l’âge exact de 50 ans, 11 mois et 2 semaines! Une dame de Transports Canada m’a alors déclaré: « Vous pouvez être fière de vous. Au pays, vous êtes une des rares femmes de votre âge à posséder de telles compétences*. »

«Quand je vole, je fais corps avec mon avion. Rien dans la vie ne me procure autant de plaisir égoïste. Je ne pense qu’à moi, à contrôler mon engin et à composer avec les facteurs environnants. Après un vol, mon ancien instructeur, un pilote très doué, m’a dit: « C’est incroyable. Au moment précis où je pensais que tu devais effectuer une manœuvre, tu la faisais… » Il en avait presque les larmes aux yeux. Quel beau compliment!

«Je continue de voler chaque semaine, toujours avec le sourire. Mon prochain défi? J’aimerais bien suivre des cours d’acrobatie aérienne!»

* Selon Transports Canada, seulement 9 Canadiennes de plus de 50 ans ont obtenu une qualification de vol aux instruments.

Nous remercions le personnel de l’Aéroclub de Montréal pour sa collaboration.

 

La version originale de cet article a été publiée dans le numéro d’automne 2008 du magazine Vita.