ELLE: Qu’est-ce que le consentement?

Marie-Christine: Le consentement, c’est l’accord qu’une personne donne à son partenaire au moment de participer à une activité sexuelle. Cet accord doit être donné de manière volontaire, c’est-à-dire qu’il doit traduire un choix libre et éclairé. Il y a des situations où nous ne sommes pas tout à fait dans un contexte qui fait en sorte que le choix est libre et éclairé, par exemple lorsqu’on est sous l’influence de l’alcool ou de la drogue, ou encore lorsqu’il y a un rapport d’autorité officiel entre les deux partenaires. Dans ces cas-là, le consentement devient plus ambigu et c’est plus difficile de donner son accord de façon ferme.

 

E: Comment donne-t-on notre consentement?

MC: Pas besoin d’un consentement écrit, on s’entend! (rires) Mais il est important d’avoir, au minimum, un consentement verbal au moment de l’activité sexuelle. Ce n’est pas parce qu’on a dit à quelqu’un «oui, j’ai envie de faire l’amour avec toi» avant-hier, que ça tient nécessairement lors de notre rencontre, le jour suivant. Peut-être qu’à ce moment-là, on n’en aura plus envie!

Chacune des parties impliquées doit aussi pouvoir donner son consentement à chacune des étapes de l’activité sexuelle. Une des deux personnes peut vouloir s’arrêter à un certain stade. Ce n’est pas parce que je t’embrasse, par exemple, ou que je te fais une fellation que ça implique que je donne mon consentement pour une pénétration. L’un des partenaires peut aussi rétracter son consentement durant une activité sexuelle, même s’il était consentant au début de celle-ci. 

 

E: Quoi faire quand notre partenaire ne donne pas son consentement?

MC: Si une personne fait comprendre son refus de participer à une activité sexuelle par la parole ou par des gestes, son partenaire doit cesser immédiatement cette activité. Si on veut respecter la notion de consentement, et ne pas tomber dans l’abus, c’est ce qu’il faut faire.   

 

E: Quoi faire si notre partenaire ne respecte pas la notion de consentement?

MC: La sexualité est le reflet de nos vies. Les dynamiques qui se jouent dans la relation entre deux personnes vont donc se jouer dans les rencontres sexuelles. Si notre partenaire nous met de la pression ou ne respecte pas nos limites, on peut se demander tout d’abord: est-ce que je me donne le droit de poser mes limites en dehors de la rencontre sexuelle? Est-ce que j’accepte que ces limites, toujours à l’extérieur de la rencontre sexuelle, ne soient pas respectées? Si la réponse à cette question est oui, il se peut qu’une dynamique malsaine se soit installée. Ce qu’il faut retenir? Que c’est important de ne pas se trahir! Lorsqu’une personne se trahit, elle peut ressentir de la frustration, de la déception, de la tristesse, de la colère ou un sentiment de vide après la rencontre sexuelle. Avant de condamner notre amoureux ou notre amoureuse, il faut cependant se parler et s’assurer de donner des indications claires. Il faut faire équipe. Pour mieux se comprendre, on peut même consulter un sexologue!

Évidemment, quand on s’est parlé, quand on a l’impression, au lit comme au quotidien, de bien mettre ses limites et que notre partenaire ne nous respecte toujours pas, ça met en jeu notre sécurité. Et là, il faut se poser de sérieuses questions sur la viabilité du couple — ou de la relation, quelle qu’elle soit.

 

E: Dans certaines situations, on peut être gênés d’exprimer son refus de participer à une activité sexuelle parce qu’on sent que notre partenaire à des attentes face à notre comportement. Comment peut-on mieux gérer cette gêne qui n’a pas lieu d’être?

MC: L’important, encore une fois, c’est de ne pas se trahir. Si notre partenaire a des attentes, ça lui appartient. On peut quand même — on peut toujours! — dire «non». Si ce refus génère de la déception, de la colère ou du jugement, il faut assumer, et se répéter: «Mon bien-être est plus important que la déception de mon partenaire.». Il faut se respecter et, si notre partenaire nous accorde de la valeur, notre refus devrait générer de la bienveillance, de l’écoute, de l’intérêt et de l’empathie.

 

E: Et si c’est nous qui sommes la personne qui se fait dire «non», comment devrait-on réagir?

MC: D’abord, il ne faut pas insister. Il faut tenter de ne pas le prendre personnel, parce que c’est souvent ce qui nous rend hargneux. Il se peut qu’on soit déçu, et qu’on ait envie de comprendre pourquoi la personne refuse nos avances, mais il ne faut pas s’abaisser à notre blessure d’orgueil. Il faut donner à notre partenaire la liberté d’en parler ou de ne pas en parler. Après tout, il ne nous doit pas d’explications! De toute façon, ce n’est pas en l’assaillant de questions qu’il ou elle aura plus envie de faire l’amour, on s’entend! (rires)

Pour générer un espace sécuritaire, on peut utiliser des phrases comme: «Je comprends, il n’y a pas de problème.», «De quoi as-tu besoin ou envie?», «Qu’est-ce qui te ferait plaisir maintenant?», etc. C’est important que notre partenaire se sente confortable, en sécurité et loin de toute pression.

 

Pour mieux comprendre la notion de consentement, regardez ce vidéo très éclairant (en anglais) qui compare le consentement à… une tasse de thé!

 

Marie-Christine Pinel est sexologue depuis près de 20 ans et auteure du recueil de nouvelles — souvent érotiques — Fontaine de feu et autres mouillures. Elle est aussi co-fondatrice de la plateforme d’éducation sexuelle Unisexéducation, qui offre «une éducation accessible, pertinente et sensible pour permettre aux individus de tous âges d’évoluer dans une sexualité qui leur ressemble.» Pour en savoir plus, visitez le unisexeducation.com.

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