Petits plaisirs

Selon Marie-Christine, pour atteindre l’orgasme plus facilement, il faut d’abord veiller sur la qualité du terrain. En d’autres mots: muscler, au quotidien, notre… sensualité! «Pour mieux atteindre l’orgasme, et pour avoir une sexualité plus épanouie en général, il faut tout d’abord se mettre dans des prédispositions idéales. Pour ce faire, il faut laisser nos sens en éveil et vivre le plus possible nos plaisirs au courant de la journée; se laisser porter par une musique qu’on aime, sentir la caresse du vent sur notre peau, apprécier le parfum de quelqu’un qui passe devant nous dans le métro. Être dans le moment présent et être ouvert au plaisir peut nous aider, par la suite, à avoir un orgasme.» Il faut donc travailler à apprécier nos petits bonheurs au quotidien, d’abord et avant tout!

Pratique, pratique, pratique

Comme l’adage le dit, c’est en forgeant qu’on devient forgeron! «Pour atteindre l’orgasme plus facilement, il est important de bien connaitre son anatomie. D’abord, son sexe: comment est-il fait? Comment réagit-il à certaines caresses, certains mouvements? Puis, il faut découvrir les autres parties de son corps qu’on appelle les zones érogènes, qui peuvent être plus ou moins sensibles d’une personne à l’autre, explique Marie-Christine. Pour découvrir son corps et expérimenter dans un contexte sécuritaire dans lequel on se sent libre, j’encourage l’autoérotisme. Se masturber, ça nous sort de la pression qu’on a de faire plaisir à l’autre, et ça nous met plus dans une posture d’écoute de nos propres envies. Quand on est seul, il suffit de se laisser guider par notre corps et de se caresser — en n’oubliant pas que l’organe le plus magnifique dont on dispose pour les caresses, c’est notre peau! Il faut oser sortir de la stimulation sexe-seins-fesses et élargir la zone investie.»

Cependant, selon Marie-Christine, il est important de ne pas brûler d’étapes! «Il ne faut pas se brusquer. On se place d’abord dans une posture d’accueil, puis on laisse son corps se détendre, son sexe se dilater. On veille à ce que l’excitation soit au rendez-vous. En fait, il ne faut pas chercher par le geste à générer de l’excitation, mais plutôt répondre à celle-ci par des gestes.» En bref, on s’écoute!

En duo

On peut atteindre l’orgasme seul — et c’est tant mieux —, mais, évidemment, on peut aussi l’atteindre grâce aux efforts de notre partenaire! «Lorsqu’on connait notre corps et qu’on est maitre de notre plaisir, c’est plus facile d’offrir des indications à notre partenaire et de le guider. Le feedback durant la rencontre sexuelle, c’est important! Il faut faire équipe avec notre partenaire. Mais il faut aussi échanger à l’extérieur des rencontres sexuelles! Communiquer nos fantasmes, nos curiosités, nos limites… Autour d’une bonne coupe de vin ou d’un délicieux repas, par exemple. L’important, c’est de prendre le lead de notre plaisir.» Et ce qui est absolument à éviter selon la sexologue? Feindre! «Il faut vraiment éviter de feindre le plaisir ou de feindre l’orgasme, puisque ça crée une distorsion entre ce qu’on vit et ce qu’on exprime. Ça peut désorienter notre partenaire, qui ne sera pas dirigé dans la bonne direction pour nous donner réellement du plaisir.»

Travail technique

Du côté plus mécanique, trois choses peuvent agir sur le plaisir: la respiration, la tension ou le relâchement au niveau musculaire et le mouvement.

Inspire, expire

«De manière générale, quand on a une respiration profonde, plus abdominale, on est dans la diffusion du plaisir, qui fera des vagues dans notre corps et prendra de l’amplitude. Ça peut être très excitant, mais ça peut nous éloigner de l’orgasme. Quand on a une respiration plus thoracique, plus haletante, ça vient concentrer notre plaisir, et ça peut nous mener plus près de la jouissance. On peut donc jouer avec notre respiration pour créer différentes sensations!»

Se faire des muscles

« On peut aussi moduler notre plaisir en modifiant la tension ou le relâchement du muscle du périnée — celui qui nous permet de retenir ou de laisser aller le jet d’urine. Quand on le contracte, on concentre le plaisir vers les organes génitaux et ça nous rapproche de l’orgasme. Quand on le relâche, ça crée un plaisir plus ondulatoire dans tout le corps. Pendant la relation sexuelle, on peut expérimenter avec ce muscle et sentir qu’on a réellement une maitrise sur notre plaisir»

Le sens du rythme

«Le rythme et le mouvement sont des éléments très importants. Accélérer ou ralentir les caresses ou la pénétration… il faut découvrir ce qui nous fait plaisir! Quand on ralentit, on sent mieux le glissement, le déploiement de la caresse. Quand on accélère, durant la pénétration par exemple, le pénis peut venir appuyer sur le col, dans le canal vaginal et ainsi stimuler le poing G de façon plus intense. Les deux options peuvent être très agréables!

Il faut aussi savoir que quand on fait des mouvements en bloc, comme quand on fait des push-ups, il y a souvent moins de sensations. Quand on fait des mouvements plus ondulatoires, un peu comme si on dansait avec notre partenaire, il y a plus de points de contact et ça peut aider à l’atteinte de l’orgasme. Mais il faut se permettre d’explorer différentes positions et différentes formules pour voir ce qui nous convient!»

Oh, oh, NO!

Selon Marie-Christine, un corps qui ne jouit pas est un corps sain qui ne demande qu’à être entendu. Le mot clé pour s’approcher de l’orgasme est donc: é-cou-te! On écoute son corps, on le découvre et, surtout, on évite de se laisser influencer par ce qui «devrait» nous mener à l’orgasme. Tout le monde a des désirs, des envies, des fantasmes et des préférences différents, et c’est parfait comme ça. «Aussi, on évite de se mettre de la pression pour jouir, puisque ça nous éloigne encore plus de l’orgasme. Une rencontre sexuelle peut être très agréable, même si elle ne résulte pas en un orgasme. Tant que le plaisir est au rendez-vous, tout va bien!»

 

Marie-Christine Pinel est sexologue depuis près de 20 ans et auteure du livre de nouvelles – souvent érotiques – Fontaine de feu et autres mouillures. Elle est aussi co-fondatrice de la plateforme d’éducation sexuelle Unisexéducation, qui offre «une éducation accessible, pertinente et sensible pour permettre aux individus de tous âges d’évoluer dans une sexualité qui leur ressemble.» Pour en savoir plus, visitez le unisexeducation.com.

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