«Je peux résister à tout, sauf à la tentation», écrivait Oscar Wilde pour décrire la faiblesse humaine devant l’attrait de l’interdit. L’envie de se laisser aller à l’infidélité est normale, voire inévitable, mais y céder le serait toutefois beaucoup moins, croit Bénédicte Ann, mentore amoureuse et auteure du livre
Autodiagnostic amoureux.

«Si l’infidélité ne marque pas la fin du couple, après elle, rien ne sera plus jamais comme avant», prévient-elle, convaincue qu’il est préférable de comprendre son désir d’aller voir ailleurs en s’interrogeant sur sa source. Y a-t-il quelque chose qui manque dans ma relation? À quoi cela me renvoie-t-il dans mon enfance? Ai-je besoin d’être sécurisée, admirée ou complimentée? Voilà quelques questions à se poser lorsque la tentation se manifeste.

La perception de l’adultère varie selon l’âge des partenaires, mais aussi en fonction de la culture, indique Iv Psalti, sexologue clinicien et auteur du livre Sexe: savez-vous vous y prendre avec les hommes? «Si je ferme les yeux et que je pense à une autre, est-ce tromper? Lorsque je fais l’amour avec quelqu’un, puis-je m’imaginer avec une personne différente? Il revient à chaque couple de répondre à ces questions et de placer la barre de l’acceptable à la hauteur qui lui convient», ajoute-t-il.

Avouer ou non la tentation?

Même s’il n’y a pas de tromperie, doit-on confier à notre partenaire qu’on est tentée d’aller voir ailleurs ou qu’on est attirée par quelqu’un d’autre? Dire les choses peut-il mettre en lumière un dysfonctionnement dans la relation et permettre d’y remédier? «Le couple qui dure n’est pas celui qui se dit tout, mais celui qui sait se retrouver quand la tentation frappe à sa porte», estime Bénédicte Ann, qui ne croit pas qu’un tel aveu soit bénéfique.

Par ailleurs, notre spécialiste considère qu’il existe différents degrés de gravité dans le domaine de la tentation. «Avoir un coup de cœur pour quelqu’un d’autre, ce n’est pas tromper. Mais il faut admettre qu’il y a quelque chose de plus ou moins prémédité dans notre façon d’entretenir ce genre d’envie», note-t-elle. Voici quelques cas typiques de tentation amoureuse.

 

Le clin d’œil du destin
C’est la tentation imprévue. L’instant est magique et il ne reviendra plus. Comme si le destin nous faisait un clin d’œil et nous disait qu’en d’autres circonstances – si on avait été plus jeunes, si on avait vécu dans le même pays, etc. -, on aurait pu être amoureux. La tentation est spontanée, ancrée dans l’instant et, généralement, vite oubliée.

 

La complicité
La complicité est plus dangereuse et peut assez vite mener à l’infidélité. On raconte par exemple à notre collègue des petites choses de la vie quotidienne, on partage ses goûts, ses centres d’intérêt, on discute de tout, et au bout d’un moment, on réalise qu’on lui en dit plus qu’à notre conjoint. Dans ce cas, prendre ses distances avec cette personne peut s’avérer préférable et salvateur pour le couple.

 

Le clavardage
Quand on clavarde, on est dans le fantasme d’un ailleurs, d’une vie plus belle, différente. On se crée un univers qui permet d’imaginer des possibles. On le fait entre deux dossiers au bureau ou quand notre partenaire dort tranquillement. Qu’est-ce qui nous pousse à cliquer et à ainsi mettre notre couple en danger?

 

La drague
Un homme de notre entourage flirte avec nous avec insistance. Notre quotidien est ponctué de ses petites attentions et de ses compliments. Il sait provoquer des tentations programmées et nous manipule. La preuve: dès qu’il cesse son manège, on tombe en manque et on revient vers lui pour obtenir notre dose de flatteries.

 

Le démon du midi
La sécurité que nous apporte notre relation nous comble, mais l’envie de se sentir vivante et de vivre dangereusement se manifeste souvent l’approche de la quarantaine. Cet éveil nous incite à perdre du poids, à nous entraîner, à refaire notre garde-robe et à érotiser notre vie de couple. Mais attention de ne pas tomber dans les bras du premier bad boy venu!

 

L’épreuve
La tentation de l’infidélité est plus grande lorsqu’on traverse des épreuves: accompagnement d’un parent en fin de vie, deuil d’un proche ou diagnostic d’une maladie grave. Cette envie d’aller voir ailleurs serait liée à un besoin de se sentir vivant. Il est également possible que l’épreuve provoque une remise en question plus profonde du couple.

La tentation n’est pas nécessairement une menace pour le couple. Lorsqu’elle se manifeste, l’essentiel est de déterminer sa nature afin d’évaluer la juste mesure du danger qu’elle représente. Quel que soit son degré de gravité, cette envie d’aller voir ailleurs peut se révéler bénéfique pour la relation, puisqu’elle incite à faire le bilan en se posant les bonnes questions… Pour un nouveau départ?

 

 

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