«Vous pouvez porter les diamants blancs seuls le jour, et les combiner aux jaunes le soir.» C’est ce que me suggère une vendeuse de la boutique Tiffany & Co., à New York, en me désignant des boucles d’oreilles comportant chacune deux diamants d’un total de 27,95 carats… Le prix de la paire? Deux millions de dollars! Les mêmes pendentifs que portait la gracieuse (et enceinte) Natalie Portman lorsqu’elle s’est emparée du trophée de la Screen Actors Guild en 2011 pour sa performance dans le film Black Swan. Moi qui, la veille encore, ne voyais pas l’intérêt de dépenser une fortune pour un bijou, me voilà sur le point de me transformer en croqueuse de diamants, comme Marilyn Monroe dans Gentlemen Prefer Blondes

Visiblement, je ne suis pas la seule à être attirée par tout ce qui brille. Il me suffit de parcourir les trois étages de l’établissement de la 5e Avenue pour constater que la majorité des clients de la bijouterie viennent ici comme on visiterait un musée, ne serait-ce que pour admirer l’impressionnant Tiffany Diamond, une gemme de 128,54 carats acquise par Charles Lewis Tiffany en 1878.

Preuve de la fascination qu’exercent les bijoux, trois jours avant notre visite, ceux d’Elizabeth Taylor étaient vendus aux enchères, à quelques rues de Tiffany & Co. La pièce maîtresse du lot? La bague ornée d’un diamant de 33,19 carats que lui avait offerte Richard Burton en 1968. Achetée à l’époque pour 300 000 dollars, la merveille a trouvé preneur ce jour-là pour 8,8 millions de dollars!

Pourquoi est-on prêt à débourser une telle somme pour un caillou? Est-ce la beauté iridescente des diamants qui nous fascine tant? Leur coût exorbitant qui donne de l’importance à ceux qui les portent? À moins que ce soit leur origine controversée qui leur confère une troublante valeur…

Photo: En 1886, Charles Lewis Tiffany crée la bague Tiffany Setting, qui doit son extrême brillance au fait que le diamant est surélevé par six chatons. C’est aujourd’hui la bague de fiançailles la plus vendue dans le monde.

 Pour ma part, je suis tombée amoureuse de ces pierres précieuses en visitant l’atelier confidentiel qui se trouve tout juste au-dessus de la boutique de la 5e avenue. Une poignée de joailliers y fabriquent à l’aide de pinces, de lames et d’autres instruments les plus somptueux bijoux de Tiffany. Je m’attarde un instant à observer un tailleur de pierres précieuses qui s’applique à la tâche délicate de ciseler de minuscules diamants. «Les plus petits ne font que 0,7 mm», me lance-t-il en me désignant les quelques poussières scintillantes qui se trouvent sous son microscope.

Sur le mur, j’aperçois la photo d’un collier sur lequel miroitent des lunes et des étoiles en diamants. Il s’agit d’un bijou conçu à la fin des années 1950 par Jean Schlumberger, le joaillier qui a créé les bracelets en émail paillonné que Jacqueline Kennedy affectionnait tant. À défaut d’avoir le collier original sous la main, les artisans de l’atelier s’inspirent de cette photo d’archives pour en concevoir une réplique spécialement pour le 175e anniversaire de Tiffany, qu’on célèbre cette année. On estime que cette petite oeuvre d’art nécessitera au total environ six mois de travail. Rien à voir avec la majorité des bijoux qui, de nos jours, sont confectionnés industriellement. Oui, Audrey Hepburn avait bien raison: Tiffany est un lieu comme nul autre.

Dans Breakfast at Tiffany’s, son personnage, Holly Golightly, raconte que, lorsqu’elle broie du noir, elle saute dans un taxi pour se rendre chez le célèbre bijoutier. La prochaine fois que j’aurai un coup de cafard, à défaut de revenir sur la 5e Avenue, je pourrai sauter moi aussi dans un taxi en direction de l’hôtel Ritz de Montréal… ne serait-ce que pour entrevoir un fragment de la légende de Tiffany.

Photo: Créée par Jean Schlumberger, cette broche a été offerte à Elizabeth Taylor par Richard Burton lors de la première du film The Night of the Iguana, en 1964.

 

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