La vedette de notre reportage mode sur le denim, c’est elle: une rousse de 19 ans, née à Gatineau, devenue en un temps record l’étoile montante de la mode internationale. La preuve? À sa première saison, lors de la présentation des collections automne-hiver 2014, Sophie Touchet a marché dans 43 défilés (dont ceux de Dolce & Gabbana, de Jil Sander, de Lanvin et de Chanel) et est apparue dans deux éditions internationales du magazine Vogue, même si les directeurs de casting n’en pinçaient à ce moment-là que pour les mannequins blond platine.

Son histoire ressemble à un conte de fées moderne. Imaginez: en l’espace de trois mois (trois!), passer du statut de vendeuse chez Best Buy au rang des top newcomers (les mannequins à surveiller) du site spécialisé Models.com…

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Pourquoi elle, et pourquoi si vite? La question se pose. Chaque année dans le monde, près d’un million de jolies filles postulent à une agence de mannequins locale. Le pourcentage de candidatures retenues est infime (inférieur à 0,1%). Compte tenu de cet écrémage impitoyable, à quoi Sophie doit-elle son succès fulgurant? D’après son agente, Chantale Nadeau, directrice de Model Placement, «Sophie était au bon endroit au bon moment». Pour réussir, répondre aux critères physiques en vigueur ne suffit pas. Il faut aussi un coup de pouce du destin. À savoir, se trouver au magasin Best Buy le jour où un photographe de mode (dans ce cas-ci, Brian Ypperciel) y passe par hasard. «Il m’a proposé un premier shooting, pour voir, raconte Sophie. Puis un deuxième peu de temps après. Cette fois-là, c’était du sérieux.»

Les photos de la belle rouquine ont abouti sur le bureau de Chantale Nadeau, qui sait en deux minutes chrono si une fille a du potentiel ou non. Son verdict? «Ce qui m’a d’abord frappée chez Sophie, c’est sa peau très pâle, au grain impeccable. Par la suite, j’ai découvert que son look et sa personnalité vont de pair. Son caractère est aussi doux que son visage romantique.» Et surtout, Sophie possède une qualité essentielle pour se hisser au statut de top: elle est photogénique. Très photogénique.

Le jour de sa séance photo pour ELLE QUÉBEC, le rédacteur en chef mode Denis Desro et son équipe entourent l’écran d’ordinateur où défilent les clichés. Il n’y a qu’à entendre leurs exclamations pour comprendre qu’ils tiennent la perle rare: un modèle au visage parfaitement symétrique. «Avec elle, les photos sont inratables quel que soit l’angle», dit Denis, enthousiaste. «Il y a une étincelle dans les yeux de Sophie, un mélange de chaleur et de tendresse», renchérit le photographe Neil Mota. Au final, l’un et l’autre sont formels: la petite fille de Gatineau ira loin.

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«Petite», façon de parler. Un mètre quatre-vingts, et tout en jambes. Avec sa peau ultrablanche, ses yeux limpides et sa chevelure rousse qui semble sortir d’un tableau de la Renaissance italienne, pas de doute: Sophie retient l’attention. Elle a un visage juste assez singulier, et c’est tant mieux. Les directeurs de casting se méfient des modèles dont la beauté atypique éclipse celle des vêtements. Car reste que les véritables stars du show, ce sont les pièces des designers.

Jouer les portemanteaux ne dérange pas Sophie le moins du monde. «Je suis là pour ça», dit-elle avec philosophie. Tout l’amuse dans ce nouveau métier qu’elle prend, contrairement à la majorité, avec un solide grain de sel. «Si jamais je frappe un mur, je reviendrai à mon premier plan: décrocher une maîtrise en sexologie, épouser mon fiancé et faire des enfants.» Bizarrement, la quasi-indifférence de Sophie compte, selon Neil Mota, parmi ses (nombreux) atouts. «L’obsession de réussir peut être fatale pour une carrière. La fille qui veut trop en fait trop et perd son naturel.» Or, le naturel est la clé de la «it-attitude», celle que possèdent toutes les tops, Kate Moss au premier rang: une sorte de détachement cool, une attitude à la fois rock et racée.

Face aux prédictions enthousiastes des pros, Sophie garde la tête froide. Ses débuts à la semaine de mode de New York en février dernier lui ont appris qu’il ne faut rien tenir pour acquis. «Une fois sur place, tu reçois la liste des castings auxquels tu dois te présenter. Tu cours d’un rendez-vous à l’autre sans jamais savoir si tu vas être retenue. Si tu l’es, tu l’apprends la veille du défilé.»

Le scénario se répète jour après jour, à Londres, à Milan et à Paris. Rien n’est jamais gagné d’avance. Même si on décroche tous les défilés à New York, par exemple, rien ne garantit qu’il en ira de même à Milan. Sophie, elle, a eu de la chance (encore une fois): elle a plu à une foule de créateurs aux styles variés et, ainsi, a pu montrer ses aptitudes de caméléon devant la presse mode du monde entier. Y compris la rédactrice en chef du Vogue allemand, qui l’a embauchée sur-le-champ, suivie de près par sa consoeur du Vogue russe. «Signe irréfutable qu’elle est sur la pente ascendante», certifie Denis Desro. Car dans le milieu, chacun sait que les magazines de Condé Nast ouvrent la voie qui mène à l’Eldorado des mannequins: une campagne publicitaire internationale. Justement, aux dernières nouvelles, Sophie venait de décrocher un juteux contrat de pub pour les lunettes solaires Tory Burch. Sa maîtrise en sexologie devra attendre…

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