Des créateurs qui soutiennent des artisans dans leur village ou petite ville en utilisant leurs talents de couture, de broderie ou de teinture à leur juste valeur, il y en a! Plus souvent qu’autrement, ces designers viennent de pays en voie de développement. Faute de visibilité médiatique, on les connaît peu.

Pour remédier à cette situation, la Française Isabelle Quéhé crée en 2004 le premier Salon de la mode éthique (Ethical Fashion Show). Unique en son genre, cet événement à la fois public et professionnel présente, en plus des défilés, des tables rondes sur la mode «éthique». Ainsi, lors des présentations se côtoient des jeunes créateurs soucieux d’un commerce équitable, des acheteurs potentiels et des représentants de coopératives de femmes de l’Inde, du Sri Lanka, de Tanzanie ou du Sénégal.

Créer un réseau parallèle à la mode traditionnelle
À l’aube de ses quarante ans, Isabelle, qui a gravité dans le milieu de la mode et du stylisme depuis plusieurs années, est attirée d’emblée par les rencontres de penseurs et d’artistes. Son leitmotiv: la créativité n’a pas de frontière!

«Tout a commencé avec l’association Universal Love que j’ai créée, il y a 10 ans, explique Isabelle Quéhé. Avec une petite équipe, on organisait jusqu’à l’an dernier des »free markets » dans des lieux alternatifs à Paris et où se retrouvaient des chanteurs, des musiciens, des DJ et des créateurs de mode». C’est à une telle occasion qu’Isabelle rencontre Bibi Russell. Originaire du Bangladesh, cette ancienne top modèle devenue designer lui parle d’un événement autour de la mode qui a lieu au Niger. Pour Isabelle, c’est le coup de foudre. «Lorsque j’ai vu les choses magnifiques que confectionnaient ces femmes en Afrique, j’ai pensé qu’il fallait absolument les faire connaître», raconte-t-elle.

Ainsi naissait l’idée de l’Ethical Fashion Show, lequel se concrétisait officiellement en 2004. D’ailleurs, cette année, pour la deuxième édition de cette rencontre de la mode équitable, l’une des marraines est Bibi Russell!Commerce équitable, version couture
«La mode peut être un facteur de développement dans les pays en émergence», résume Isabelle Quéhé. «On veut montrer que la mode solidaire et éthique, ça existe et qu’il faut lui faire une place plus grande dans nos sociétés.»

Cette année, par exemple, on retrouve une douzaine de créateurs anglais qui font appel à des artisans du Bangladesh – lesquels sont dignement payés – pour la confection de leurs vêtements. D’autres designers présenteront leur travail en collaboration avec une coopérative de Brésiliennes travaillant le coton et le caoutchouc d’Amazonie. «L’idée, c’est que les créateurs et les artisans qui viennent à Paris créent des liens et aient des débouchés dans nos pays industrialisés».

En 2005, il n’y a pas de participants canadiens à l’événement, mais qui sait à l’avenir? Isabelle Quéhé caresse l’idée d’un Ethical Fashion Show «tournant», présenté dans une capitale différente chaque année: «Pourquoi pas Montréal? avance-t-elle, pour que les rencontres et les réseaux se multiplient partout sur la planète.»

Gageons que le Montréalais Dov Charney, créateur d’American Apparel, qui procure à ses employés des conditions de travail décentes dans le centre-ville de Los Angeles, ne serait certainement pas contre!

Le Ethical Fashion Show se tiendra du 7 au 9 octobre 2005 dans le quartier du Marais, à Paris.