Nous sommes en février, et je frissonne dans mon grand manteau de laine en pestant contre ces menteurs de météorologues: non, New York n’est pas plus chaude que Montréal en cette période de l’année. Remarquez, je suis bien la seule à me préoccuper d’un détail aussi prosaïque que la température. Les fashionistas pures et dures qui traversent la grande place dallée du Lincoln Center, où ont lieu les défilés, ont sorti leurs stilettos et leur minijupe, comme pour faire un doigt d’honneur aux thermomètres. Au passage, elles sont mitraillées par un régiment de photographes de mode de rue qui jouent des coudes pour prendre un cliché tantôt d’une paire de cuissardes en python, tantôt d’un turban oriental à paillettes. Visiblement, les fashionistas n’ont pas froid aux yeux non plus…

Je me fraie un chemin à travers cette foule «modeuse» pour pénétrer à l’intérieur du Lincoln Center, où je suis attendue dans les coulisses. Lorsque j’y fais mon entrée, une heure avant le début du défilé de Max Azria, le chaos règne. Ici, un artiste maquilleur est encerclé par une quinzaine de rédactrices beauté armées chacune d’un magnétophone ou d’une caméra. Quelques mètres plus loin, un coiffeur et quatre assistants s’affairent à tordre et à crêper la chevelure d’une mannequin qui souffre en silence. Ils ne seront jamais prêts à l’heure, je me dis. Et pourtant, si. New York n’est pas Paris. Dans la Grosse Pomme, même les créateurs sont ponctuels…  

Évidemment, ça signifie que le public doit lui aussi être à l’heure. Il me faut donc quitter l’arrière-scène sans tarder pour aller prendre ma place dans la file qui s’étire devant l’entrée de la salle de présentation. Lorsque j’y accède enfin, c’est pour retrouver… l’anarchie la plus totale (bis). Aux abords du front row, où la concentration de célébrités au mètre carré atteint des records, les journalistes et les photographes se bousculent pour capter l’attention de Jennifer Love Hewitt. J’admire son sang-froid: à sa place, j’aurais succombé à une attaque de panique depuis longtemps… «J’adore les créations de Max, me confie-t-elle après l’âpre bataille que j’ai livrée pour me faufiler jusqu’à elle. J’aime ses vêtements: ils sont à la fois féminins, confortables et faciles à porter.»

Au défilé d’Alexander Wang, le jeune créateur dont tout New York parle, les stars sont encore plus nombreuses. De mon siège, je peux apercevoir au loin le carré chic d’Anna Wintour et la vaporeuse chevelure rousse de Grace Coddington, respectivement rédactrice en chef et directrice artistique du Vogue américain, ainsi que la dégaine rock de Kanye West et la silhouette filiforme d’Erin Wasson. La crème de la crème s’est déplacée pour assister au défilé de Wang, et ce n’est pas étonnant. Dès que les lumières s’éteignent et que la première mannequin s’avance sur la passerelle d’un pas martial, je me sens transportée. Doudounes avant-gardistes, liquettes aériennes, robes de soirée ourlées de longues bandes de tissu… Les pièces évoquent une féminité apocalyptique. C’est un spectacle inspirant, exaltant… à l’image même de la Semaine de la mode newyorkaise!

 

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