Tunique bleue, skinny et espadrilles pailletées, Marwa Atik a l’allure typique d’une jeune Américaine, à un détail près: elle porte le voile. Selon elle, cet attribut religieux peut aussi être un accessoire de mode. C’est pourquoi elle a créé en 2008 une collection de hijabs: Vela Scarves.

Rien ne la destinait à une carrière dans la mode. Née en Californie de parents syriens musulmans, la jeune fille a d’abord fait des études en sciences infirmières. S’ennuyant pendant les cours, elle commence à griffonner des croquis de femmes portant le voile puis décide de suivre un cours de couture, dans lequel elle confectionne son premier foulard. «Toutes mes amies l’ont aimé, m’ont demandé où je l’avais acheté, alors j’ai commencé à en faire d’autres, comme passe-temps, puis c’est devenu plus gros», raconte la jeune designer.

Un jour, l’une de ses sœurs, qui ne croyait pas vraiment au projet, porte l’un de ses modèles. Elle reçoit un grand nombre de compliments, aussi bien de la part de musulmans que de non-musulmans. Alors convaincue du potentiel des créations de Marwa, elle devient son associée et s’occupe des ventes. Vela Scarves était né.

En photos: Visitez le quartier de la mode de L.A avec la designer Marwa Atik

Des foulards tendance

La designer se rend au moins une fois par mois dans le quartier de la mode de Los Angeles pour y acheter des tissus. Elle dessine et fabrique des foulards de fantaisie inspirés des dernières tendances mode, tout en gardant une certaine sobriété propre aux principes musulmans. «Je crée des foulards que les musulmanes nord-américaines veulent voir et porter», affirme-t-elle.

Marwa Atik vend ses créations exclusivement sur Internet. Ses clientes sont âgées de 14 à 49 ans et vivent aux États-Unis, au Canada et en Europe. Elle est la seule à créer ce genre de foulard. «Au Moyen-Orient, on peut voir des foulards fantaisie, mais la manière dont je les noue et je les porte est très différente», explique-t-elle. En effet, les hijabs de Marwa ont la particularité de descendre plus sur la poitrine. Elle utilise cette partie de tissu supplémentaire pour mettre en valeur le foulard. Sur son site, la designer a réalisé une vidéo pour expliquer la manière dont on noue ses voiles.

La culture américaine influence également ses créations. Ainsi, elle peut intégrer le cuir ou la fermeture éclair à ses modèles, ou s’inspirer de magazines ou d’une série télévisée: elle a nommé l’un de ses foulards «Blair», d’après le personnage de Gossip Girl.

Concilier mode et religion

Est-ce que Marwa a eu peur du regard des autres en lançant une collection de hijabs? «Ma seule crainte était que les gens ne trouvent pas mes foulards beaux», avoue-t-elle. Pour elle, mode et religion ne sont pas incompatibles. «Dans le Coran, il n’est pas dit que les femmes doivent s’habiller en noir ou porter le voile de telle façon. Le problème, c’est qu’on associe à tort mode et sexe. Pour moi, mon travail consiste justement à montrer une autre image de la mode.»

Pour l’instant, la petite entreprise de Marwa Atik n’est pas encore assez rentable pour qu’elle quitte son poste de vendeuse chez Urban Outfitter. Aussi étudiante en gestion de la mode, la jeune fille a plein de projets: étendre sa collection à des vêtements – par exemple des manches détachables -, offrir ses modèles dans des boutiques et pourquoi pas un jour voir l’un de ses hijabs en couverture d’un grand magazine de mode.

 

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