C’est dans Villeray, le quartier montréalais de son enfance, que Xavier Laruelle a planté son petit atelier: un espace modeste, frais, calme et organisé. À notre arrivée, il s’affairait à la création d’une robe de bal des finissants. C’est un jeune homme frêle, aux longs doigts habiles et aux avant-bras couverts de tatouages, avec un regard à la fois doux et intense qui dément son apparente fragilité.

Depuis un an, on ne parle que de lui dans le milieu de la mode. Et pour cause: il a suscité l’émoi en présentant en septembre 2013 une première collection printemps-été surprenante de maturité et empreinte d’un minimalisme étudié. Ses robes monochromes au tombé parfait et aux coutures invisibles avaient séduit au premier coup d’oeil. Très vite remarqué par la critique – qui a salué son perfectionnisme, sa démarche presque clinique et ses finitions impeccables – Xavier Laruelle a été tout aussi vite adopté par les vedettes. Ses créations ont rapidement connu le privilège de défiler sur les tapis rouges grâce à Jessica Lee Gagné (la directrice photo du film Sarah préfère la course), qui les a portées au Festival de Cannes, et à Sophie Desmarais, qui s’y est glissée à la 16e Soirée des Jutra.

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Sa collection pour l’automne 2014, tout aussi soignée et percutante que la première, confirme son talent. Cette fois, Xavier Laruelle a osé les boutons à pression, les empiècements élastiques, la transparence du plastique, les jeux d’épaisseur avec différents lainages et les découpes sexys. «J’adore travailler le plastique, spécialement le plexiglas, dit-il, parce qu’on voit au travers. Ça représente l’honnêteté, une fenêtre sur le corps d’une femme. Je trouve que ça ajoute immédiatement une dimension moderne à un style.»

La griffe de Xavier Laruelle est en pleine évolution, mais la passion du designer pour le minimalisme, elle, reste intacte. «Je déteste les surpiqûres! Je préfère les coupes nettes, claires et précises. Ma vision est quasi architecturale. J’ai un immense respect pour Philippe Starck par exemple, qui allie le pratique et le sublime comme personne. Récemment, j’ai également découvert une série de photos intitulée Architecture of Density, du photographe allemand Michael Wolf, et je m’en inspire pour ma troisième collection.»

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Rigoureux et discipliné, Xavier travaille beaucoup et consacre tout son temps au développement de sa marque. Conscient des impératifs de l’industrie au Québec, il lance, en plus de ses collections sur mesure, des lignes éphémères plus abordables, dont chaque pièce est produite à seulement trois exemplaires. Offertes à l’occasion de ventes privées très attendues, ces créations exclusives s’envolent chaque fois en un clin d’oeil. «J’aimerais continuer à confectionner des vêtements haut de gamme, mais je sais qu’il faut faire des compromis pour exercer ce métier. L’idée d’offrir un luxe accessible en élaborant des collections moins coûteuses me plaît. J’espère sensibiliser les femmes à l’importance de privilégier la qualité plutôt que la quantité.»

Grâce à des pièces qu’il aime décrire comme «un canevas, une toile blanche que les clientes vont modeler à leur image et selon leur personnalité», Xavier Laruelle fera encore rêver bien des femmes. Foi de modeuse!  

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