Le couturier franco-tunisien était avant tout un artiste dans l’âme, de cette veine qui ne suit aucun diktat si ce n’est ce besoin – essentiel – de créer. Indépendant et libre, il ne suivait ni les tendances ni le calendrier des défilés. Ce n’était pas plus de l’insolence qu’un coup de marketing. Le monde d’Azzedine, siglé Alaïa, répondait à ce seul but: sublimer le corps et les courbes des femmes, quand bien même la minceur diaphane primait cette saison-là. Le créateur s’est éteint mais son héritage lui survivra: ses vêtements sculpturaux et intemporels, réputés pour leur irréprochable confection, sont de véritables œuvres d’art. D’ailleurs, les stylistes se passent le mot: une pièce Alaïa ne se suspend pas – ô crime – à un cintre, mais se plie précieusement dans du papier de soie, à la manière des toiles de maître qu’on dérobe à la vue pour les préserver des ravages du temps.

Azzedine Alaïa a d’abord étudié en sculpture aux Beaux-Arts de Tunis, sa ville natale, avant de partir pour Paris, dans les années 1960, une fois son diplôme en poche. Il a notamment travaillé pour Guy Laroche, Thierry Mugler et Charles Jourdan, avant de lancer sa griffe éponyme en 1979. Grand ami des tops Naomi Campbell et Farida Khelfa, le couturier s’est fait connaître grâce à ses robes et ses caleçons moulants, ses body et ses jupes zippées dans le dos, pièces signatures de sa marque, tout comme ses sublimes ceintures découpées au laser qui soulignaient la taille.

Le monde de la mode pleure aujourd’hui la disparition de l’un de ses derniers grands couturiers, qui rejoint les rangs de Cristóbal Balenciaga, Yves Saint Laurent et Valentino Garavani. Adieu, Monsieur Alaïa!