Pour combattre efficacement un ennemi, encore faut-il savoir à qui on a affaire! L’expression «pollution atmosphérique» nous est bien sûr familière, mais on ignore souvent ce qu’elle désigne précisément. En fait, ce type de pollution comprend à la fois des composés gazeux (monoxyde de carbone, dioxyde de soufre et d’azote, ozone) et des particules fines rejetées par les automobiles, l’industrie, les feux de forêt ou la combustion de pétrole et de charbon. En somme, c’est une véritable bombe à retardement pour la peau!

Jusqu’à présent, la sonnette d’alarme n’avait pas vraiment retenti du côté occidental. Selon une étude menée par Olay en 2014, 88 % de la population de la terre vit dans des zones où la qualité de l’air n’est pas conforme aux normes de l’Organisation mondiale de la santé, et 80 % des dermatologues conviennent que la pollution peut provoquer des problèmes de peau, tels que l’acné, la sécheresse, la sensibilité et les allergies. Selon la même étude, la grande majorité des Chinoises (97 %) sont au courant du danger, mais seulement 30 % des Britanniques peuvent en dire autant, et 50 % des Américaines. Des taux qui devraient toutefois augmenter très vite, vu le grand nombre de fabricants de cosmétiques qui ont investi le champ de bataille. «La lutte contre la pollution est devenue un enjeu majeur pour notre entreprise», déclare Élisa Simonpietri, directrice scientifique inter- nationale de Biotherm. «À l’avenir, les femmes souhai- teront que notre entreprise en tienne compte dans l’élaboration de ses produits, et ce sera pour elles un véritable critère d’achat.»

La peau en première ligne

Nous sommes toutes soumises à deux types de vieillissement: l’intrinsèque, d’origine génétique et, par conséquent, difficile à contrôler; et l’extrinsèque, principalement causé par le soleil, la pollution et le stress. Devant cette menace externe, la peau fonctionne comme un bouclier pour le corps, ce qui en fait aussi la première victime des dommages environnementaux.

Les recherches initiales sur la façon dont les polluants l’agressent se fondaient sur l’observation et l’intuition, notamment dans les laboratoires Clarins, qui ont innové dès 1991 en ajoutant un complexe antipollution dans leurs produits: «Les femmes nous disaient qu’elles avaient le teint
vert en ville, mais que leur peau retrouvait sa
luminosité dès qu’elles séjournaient à la campagne», raconte Christian Courtin-Clarins,
président du conseil de surveillance du groupe
Clarins. «Parallèlement, on notait les dégâts
qu’avaient subis les monuments parisiens. Les 
premiers rapports à ce sujet faisaient état de
pierres pourries et de statues rongées par la pollution. Nous en avons déduit que celle-ci atta
quait forcément aussi la peau, et toute notre
démarche a découlé de ce constat.»

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Assaillie de toutes parts, la peau n’arrive plus à reconstruire sa barrière protectrice, surtout sur les zones très exposées du visage et des mains. «D’après nos recherches, les rayons UV combinés à de fortes quantités de substances polluantes dans l’atmosphère des villes surmobilisent ses systèmes de défense», explique Elisabeth Bouhadana, directrice de la communication scientifique de L’Oréal Paris. «Dans ces conditions, le taux de radicaux libres internes augmente, et le processus d’oxydation s’accélère. La peau se déshydrate et n’a plus accès à l’oxygène, qui est bloqué par les polluants. Elle manque alors d’énergie pour renouveller ses cellules et libère de l’acide lactique, qui peut être nocif pour les tissus cutanés.»

Une autre étude, celle de SkinCeuticals, montre aussi que le tandem soleil et pollution, qui est responsable de 90 % du vieillissement visible, détruit la barrière antioxydante à la surface de la peau. Il provoque des inflammations de l’épiderme et une réduction des stocks d’élastine et de collagène dans le derme, entraînant des rougeurs, une sensibilité accrue, des rides et, surtout, de la déshydratation.

Par contre, malgré ses multiples effets nocifs, la pollution ne serait pas seule en cause dans la recrudescence de l’acné chez l’adulte: le stress, le tabac et l’alimentation y joueraient aussi un rôle crucial. «La pollution atmosphérique est plutôt impliquée dans l’aggravation – et non l’apparition – des pathologies inflammatoires de la peau, précise Mme Bouhadana. Elle pourrait également favoriser l’hyperpigmentation [taches pigmentaires] et accélérer des signes cliniques du vieillissement.»

Les présumées coupables?

Par ailleurs, d’autres sources de pollution ambiante, notamment les ondes électromagnétiques utilisées pour le sans-fil, sont souvent au banc des accusés. «Si quelqu’un passe ses journées au téléphone cellulaire, on devrait remarquer une différence sur sa peau», laisse entendre Marc- André Lefebvre, directeur du secrétariat scientifique de la recherche avancée du Groupe L’Oréal. Mais il est difficile de l’affirmer avec certitude parce que les recherches sur le sujet se heurtent au lobby des entreprises de téléphonie.

Les rayons infrarouges (utilisés en robotique, dans les lampes chauffantes et les caméras thermiques) auraient un effet sur la peau, corroboré par les premières études menées sur les dommages cutanés et le vieillissement plus rapide que ce type de rayonnement provoque; mais les recherches devront être plus étayées pour en arriver à des résultats probants. Quant à la lumière bleue (émise par l’écran des ordinateurs, des télés et des téléphones portables), elle semble à l’heure actuelle n’avoir aucun effet néfaste sur la peau. Par contre, en ce qui concerne l’air ambiant, le doute n’est plus permis. Les particules fines en suspension dans l’atmosphère sont toxiques. Les plus dangereuses ne sont pas les matières particulaires de 10 microns de diamètre (PM 10), comme la poussière ou le pollen, mais bien celles de 2,5 microns de diamètre (PM 2,5), incluant notamment les particules de carbone et de métaux lourds. «Les centaines de produits chimiques que ces particules véhiculent peuvent et vont pénétrer dans la peau», assure la Dre Frauke Neuser, experte scientifique d’Olay. «Et il a été démontré que ces produits l’endommagent.»

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Les particules fines ont des effets négatifs non seulement sur le système respiratoire, mais aussi sur la peau, ce qu’il ne faut pas négliger, d’autant plus que les pics de pollution atmosphérique tendent maintenant à se multiplier. Sans aller jusqu’à porter un masque en ville quand l’indice de particules fines est élevé, on doit toutefois prendre certaines précautions: la Dre Frauke Neuser conseille de rester à l’intérieur le plus possible. Il faut aussi garder la peau bien hydratée pour maximiser sa résistance et la nettoyer en profondeur après chaque exposition aux polluants.

Pour neutraliser les effets des particules fines et ceux des composés gazeux nocifs également présents dans l’air, les grands noms de la cosmétique travaillent à mettre au point des formules qui empêcheraient ces particules d’adhérer à la peau. «Comme les particules polluantes peuvent facilement pénétrer la peau, c’est une lutte difficile, admet Élisa Simonpietri. Mais si une crème peut avoir des propriétés antiadhésives qui créent une sorte de film protecteur, les particules fines ne réussiront pas à atteindre les premières couches de l’épiderme!» De nouveaux soins pourvus d’une telle barrière antipollution sont d’ailleurs déjà sur le marché. Autant de munitions pour nous aider dans cette bataille de longue durée… que nous comptons bien remporter!

Nos meilleurs alliés

Le soin antipollution idéal devrait contenir plusieurs types d’ingrédients actifs: des antioxydants (polyphénols, tanins, niacinamide, vitamine B3) en guise de protection, des hydratants pour réparer les dégâts, mais aussi des extraits botaniques adaptés. Certaines plantes parviennent en effet à survivre et
à s’épanouir dans les pires conditions, ce qui a incité la science à s’intéresser à ce phénomène. «Le ginkgo biloba, par exemple, est le premier arbre à avoir repoussé tout de suite après l’explosion nucléaire d’Hiroshima, dit Christian Courtin-Clarins. Dans les produits Clarins, nous utilisons aussi la lampsane, une plante verte aux jolies fleurs jaunes. Elle s’épanouit le long des autoroutes et se nourrit d’agents polluants, qu’elle neutralise en les absorbant.» Le thé blanc, lui, lutte contre les radicaux libres, et les graines de moringa, ou encore la jacinthe d’eau (utilisée notamment dans la gamme Hydra-Chrono , de Lierac), sont connues pour leurs propriétés purifiantes et antipolluantes.

La bonne routine

Impossible d’ignorer le nettoyage de la peau, une étape très importante, assure Marc-André Lefebvre, du Groupe L’Oréal: «Le soir, quand une femme se démaquille avec un tampon de coton, elle y trouve habituellement beaucoup d’impuretés. Et si ces particules de carbone et d’autres polluants restaient sur sa peau, ça lui serait évidemment néfaste.» En éliminant ces résidus accumulés, on évite qu’ils pénètrent dans la couche cornée et y génèrent des radicaux libres qui viendraient l’oxyder. Autre geste essentiel de la routine beauté: appliquer quotidiennement une crème de jour qui «piégera» les agents polluants dans le film protecteur qu’elle laisse à la surface de la peau. Il vaut mieux choisir une formule dotée d’un FPS qui nous armera en plus contre les rayons du soleil.

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