Non, il n’y a décidément pas de justice en ce bas monde! Car même avec un diplôme universitaire en poche ou un ravissant poupon dans les bras, on n’est pas automatiquement à l’abri des poussées acnéiques. Stéphane Fauverghe, médecin et directeur du pôle de dermatologie chez Pierre Fabre Dermo-Cosmétique Canada, mentionne qu’environ «le quart de la population adulte en souffrirait». Et selon les statistiques, ce chiffre serait à la hausse. Manque de pot, ce sont surtout les femmes de 25 à 40 ans qui écopent.

Pourquoi moi?

L’acné adulte peut affecter tout le monde, quel que soit le type de peau. Toutefois, on risque plus d’en souffrir si on a eu des boutons durant la puberté. Si c’est notre cas, Stéphane Fauverghe nous recommande «de surveiller notre mode de vie et de bien prendre soin de notre peau afin de ménager sa susceptibilité». Parmi les facteurs pouvant déclencher une éruption cutanée, le stress figure en tête de liste, suivi de près par les changements hormonaux (qui surviennent pendant une grossesse, par exemple), la pollution, la prise de médicaments (anovulants, immunosuppresseurs, cortisone, antidépresseurs, etc.) ou sa cessation.

D’autres coupables sont souvent montrés du doigt par les experts. C’est le cas de la malbouffe. «À elle seule, une mauvaise alimentation ne peut être responsable de l’acné adulte», reconnaît Marie-Christine Roy, dermatologue à Saint-Lambert. «Toutefois, de récents articles scientifiques permettent de penser qu’il y a un certain lien – pour ne pas dire un lien certain! – entre cette affection et un régime trop riche en sucres et en gras.» Le tabagisme n’est pas non plus exempt de tout reproche, puisque «la cigarette altère les fonctions réparatrices de l’épiderme, note Stéphane Fauverghe. D’après ce qu’on a pu constater, les fumeuses répondent généralement assez mal aux traitements contre l’acné.» Enfin, les soins qu’on applique quotidiennement peuvent parfois nous faire plus de tort que de bien. Le spécialiste explique qu’utiliser des cosmétiques mal adaptés aux besoins de notre peau risque d’aggraver ou de déclencher des poussées d’acné. La Dre Marie-Christine Roy renchérit en soulignant que bien des maux pourraient être évités si on résistait à la tentation d’essayer chaque nouveau produit qui atterrit au comptoir des cosmétiques.

 

Peu importe la saison durant laquelle on bourgeonne, la cause est la même. «Tout commence par une surproduction de sébum», résume Marie-Christine Roy. Puis, quand celui-ci s’accumule et obstrue un pore de la peau, le vrai problème commence. Au contact de l’air, ce bouchon prendra très vite une couleur foncée: c’est le fameux point noir (ou comédon). Hélas, le pire est encore à venir. En effet, sous la surface cutanée, les glandes sébacées continuent de s’activer, sauf que le sébum qu’elles produisent ne peut plus s’évacuer aussi facilement par ce pore bloqué… Résultat: de la rougeur, de l’inflammation et de l’inconfort. Et tout se gâte lorsque cette boule de sébum durci émerge enfin: exposée aux bactéries qui se trouvent à la surface de la peau, elle se transforme en papule (bouton rouge) ou en pustule (bouton rempli de sécrétion) pouvant laisser des cicatrices permanentes.

Peut-on faire éclater ses boutons?

Oui… à condition qu’ils ne soient pas concentrés dans la même zone, auquel cas ça occasionnerait une inflammation et favoriserait une prolifération bactérienne. Et surtout, on ne s’acharne pas sur eux! «On se lave d’abord les mains, puis, avec une aiguille stérilisée, on fait doucement éclore les têtes blanches des pustules, indique la Dre Roy. On se garde bien d’appliquer une crème épaisse ou un anticerne gras immédiatement après l’opération, ce qui risquerait de boucher les pores et de laisser des cicatrices. On se contente d’assécher le comédon qu’on vient de percer avec un soin ciblé, puis on le camoufle avec un fond de teint léger à base d’eau.»

Les zones critiques

Bien que les comédons aient le même aspect chez les adolescents que chez les adultes, leur localisation, elle, change sensiblement. «À mesure qu’on avance en âge, les boutons tendent à quitter les bras, les joues, le nez et le front pour se concentrer autour de la bouche, sur le menton, à la naissance du cou et sous les oreilles», précise la Dre Roy. Pourquoi? Parce qu’au fil des ans les glandes sébacées s’atrophient, alors que la réactivité de la peau s’accentue, ce qui fait apparaître de nouvelles zones d’inflammation, principalement là où la peau est fine et fragile. Chez les hommes, cependant, les régions les plus touchées sont le cou et le dos, le premier à cause du rasage et le second en raison de la surproduction de sébum qui tend à affecter cette région et de l’effet inflammatoire du soleil. Autre différence à noter entre les sexes: la plupart des femmes voient leur problème diminuer et souvent même disparaître avec la ménopause, tandis que les hommes, eux, peuvent souffrir d’acné toute leur vie…

 

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