1. La médecine, les arts et le sport : vos champs d’intérêts sont diversifiés. D’où proviennent-ils?

Ces intérêts me rejoignent tous, à leur manière. Les arts ne me sont pas étrangers puisque ma grand-mère était collectionneuse et ma copine est historienne de l’art. En ce qui concerne la médecine, c’est ma passion. C’est ce que je voulais faire comme profession. Puis, le football s’est invité dans ma vie au cours des dernières années. C’est une occasion incroyable! On me dit souvent que je semble très occupé. Mais lorsqu’on a des passions, on ne compte pas vraiment les heures et on se donne à 100%.

2. Vous jouez pour les Chiefs de Kansas City, mais cela ne semble pas affecter la fierté de vos racines québécoises et francophones…

Absolument pas, ce sont mes origines! (rires) J’ai passé beaucoup de temps à Montréal et en Gaspésie. Montréal, c’est une ville diversifiée culturellement, d’une richesse incroyable. Je vante beaucoup notre province à mes coéquipiers de Kansas City. Il y a quelque chose de particulier dans notre métropole et c’est difficile de retrouver cette énergie ailleurs.

3. Votre passion pour le football ne date pas d’hier?

Mon cousin jouait au football et c’est en le voyant que j’ai eu la piqûre. C’est LE sport qui me rejoint le plus. J’ai ensuite joué au Cégep. Mon objectif? Être le meilleur étudiant tout en jouant au football. À l’université, mon but était d’utiliser la pratique de ce sport pour canaliser mon énergie. Ensuite, je me suis fixé un nouvel objectif: être repêché par la NFL. Mission accomplie! Finalement, mon plus récent but est de porter l’uniforme d’une équipe de la NFL avec mon diplôme en médecine en poche. Ce sera chose faite en septembre 2018.

4. Signer un contrat avec une équipe de la ligne américaine de football est un exploit en soi, mais étudier en médecine est tout aussi impressionnant, comment conjuguez-vous ces deux carrières? Comment organisez-vous votre temps en saison et hors-saison?

À chaque saison, j’apprends de nouveaux trucs pour être plus organisé et optimiser mon temps. Mon parcours à McGill a été un peu atypique voire même rocambolesque. Durant ma première année dans la ligue, j’ai choisi de passer certains examens pendant la saison puisque je n’étais pas un joueur partant. L’année suivante, j’ai décidé d’étudier et de jouer durant la saison régulière. Performer sur le terrain, mais aussi à l’école, mon stress était à son comble. J’ai appris à connaître mes limites et à garder en tête mes objectifs.

5. Comment avez-vous réussi à concilier le sport et les études supérieures?

J’ai commencé en tant qu’étudiant-athlète à McGill. Cette période s’est révélée particulièrement difficile puisque j’étudiais la médecine en même temps que de pratiquer le football. Quatre années intensives avec un horaire complexe où les heures de sommeil étaient presqu’un luxe! Il n’était pas rare que je dorme dans le vestiaire à la suite d’une pratique ou d’un quart de travail à l’urgence. Ouf!

À ma dernière année d’études, j’ai été repêché par la ligue nationale de football. C’est à moment que j’ai eu plus de flexibilité dans mon emploi du temps. Lorsque je suis à Kansas City, je joue seulement au football. Quand je suis au Québec, je m’entraîne et je continue à faire de la médecine. Avec le temps, j’ai appris à concilier ces deux mondes. La principale difficulté? Jouer devant 100 000 personnes, être la star et revenir dans l’univers de la médecine, où je suis encore au bas de l’échelle puisque je suis un étudiant. Contrairement au terrain de football, les projecteurs sont braqués sur le patient. C’est une excellente leçon d’humilité et un bon moyen de rester groundé.

6. Quel conseil aimeriez-vous donner aux jeunes qui sont indécis quant à leurs champs d’études?

Mon message auprès des jeunes est simple: suis tes passions, fais ce que tu aimes et fais le bien, à 100%. Choisis ta formation en fonction de ce qui te motive. Si tu n’as pas de plaisir dans ce que tu fais, ce n’est pas viable comme choix de carrière. Aussi, il ne faut pas avoir peur de combiner des domaines qui ne vont pas nécessairement bien ensemble. Ce n’est pas parce que le sentier n’a pas déjà été tracé que tu n’as pas le droit de t’y aventurer.

7. Vous lancez une fondation pour aider les jeunes. Quelle est sa principale mission?

La fondation Laurent Duvernay-Tardif permet de promouvoir l’activité physique chez les jeunes, les aide à trouver un équilibre. Il faut bouger pour favoriser la santé mentale et physique. Je tiens à influencer positivement les étudiants et leur démontrer qu’il est possible d’exceller à la fois à l’école et dans les sports sans être de niveau athlète. Cette cause me tient à cœur car l’obésité est le facteur de risque numéro un pour la santé des gens.

8. Où vous voyez-vous dans 10 ans? Avec un trophée Vince Lombardi sous le bras? Dans un cabinet de médecin?

Avant tout, j’aimerais être l’humain que je suis présentement. Et puis dans dix ans, ma carrière de footballeur sera certainement terminée… Avec une bague de Super Bowl au doigt! Du moins, je l’espère. Quant à la fondation, c’est un projet qui me tient à cœur. J’aimerais donc qu’elle soit bien établie et qu’elle connaisse un franc succès qui perdurera.  Et dans 10 ans, j’aimerais être médecin, bien sûr!

9. Sur note plus légère, il semblerait que vous ayez plusieurs surnoms dans le vestiaire, pouvez-vous les partager avec nous?

Ça va loin parfois…(rires). Doc, pour docteur ou Canadian Brother et Moose simplement parce qu’on a des orignaux. Aux États-Unis, mon nom est apparemment difficile à prononcer, ce qui donne lieu à de nombreux surnoms et des fous rires!