Le destin d’Olivier Polge était écrit dans le ciel: le fils du célèbre parfumeur Jacques Polge, qui a œuvré chez Chanel pendant 37 ans, a grandi à Grasse et à Paris, entouré des plus nobles matières premières. Après un passage remarqué à la compagnie américaine l’International Flavors and Fragrances, il a rejoint les rangs de Chanel en 2013, aux côtés de son père, jusqu’à la retraite de ce dernier. Depuis 2015, il est le nez officiel de cette maison française, où il se distingue par son approche unique, qui lie élégance classique et modernité. On lui doit, entre autres, N°5 L’eau, Bleu de Chanel et Misia. On a voulu tout savoir sur ses inspirations, la façon dont il crée un parfum et la fragrance qu’il porte lui-même. Rencontre.

SUR SON PROCESSUS DE CRÉATION 

«Je d’esprit qu’à une personne en particulier quand je crée. Il n’y a pas de règle absolue, mais je trouve que certaines notes fleuries révèlent un parfum extraverti, alors que d’autres notes forment des fragrances un peu plus intimes. Peut-être qu’on en discuterait et on ne serait pas tout à fait d’accord… et c’est ce qui fait la beauté des choses!»

SUR LES MATIÈRES PREMIÈRES QUI LE FONT VIBRER 

«J’ai toujours été très, très attiré par l’iris. C’est un ingrédient assez spécial, très Chanel, parce qu’il est abstrait: un peu floral, un peu poudré, un peu boisé, assez difficilement définissable. C’est une matière première qu’on a toujours eue dans nos parfums — il y en a une petite touche dans le N°5, et le N°19 détient en son cœur une des plus belles utilisations de l’iris.»

SUR LA CONSTRUCTION D’UN PARFUM 

«J’aime beaucoup cette phrase que Gabrielle Chanel a dite à Ernest Beaux, à l’époque de N°5: “Je suis un artisan de la couture. Je veux un parfum qui soit un composé, comme une robe.” C’est-à-dire qu’elle ne voulait pas que ses parfums sentent comme du jasmin ou de la rose, mais comme une construction non figurative, à l’image d’un vêtement unique, élaboré avec différents tissus.»

SUR CE QUI DIFFÉRENCIE UN PARFUM GRAND PUBLIC D’UNE FRAGRANCE NICHÉE

«Un Coco Mademoiselle a l’ambition d’être plus accessible et immédiat. Il faut arriver à créer une sorte d’évidence dans une esthétique qui reflète le style de Chanel en général. La gamme Les Exclusifs, quant à elle, explore la question de la rareté et s’inspire de symboles très singuliers dans l’univers de Gabrielle Chanel. Coromandel, par exemple, a été créé en hommage aux panneaux de Coromandel qui ornent l’appartement de Coco Chanel.»

SUR LA MEILLEURE FAÇON DE CHOISIR UN SILLAGE 

«Il n’y a pas de sens plus sensuel que celui du parfum. C’est quelque chose de très intime, d’invisible, qui vit sur notre peau. J’aimerais avoir une réponse rapide, mais je crois que le meilleur moyen de comprendre quelle fragrance nous plaît, c’est de la porter. Le choix du bon parfum peut prendre un jour ou deux!»

SUR UNE CRÉATION DONT IL EST PARTICULIÈREMENT FIER 

«J’ai terminé Paris-Paris juste avant la pandémie; on a donc été ralentis et on a mis un certain temps à le lancer, mais je suis heureux de voir que, malgré tout ça, il résonne autant.»

SUR CE QU’IL PORTE LUI-MÊME COMME PARFUM 

«C’est Pour Monsieur, de Chanel, créé par Henri Robert, le prédécesseur de mon père, dans les années 1950. C’est un parfum un peu old school, très élégant, que j’aime beaucoup. Par contre, je peux seulement le porter le week-end, car quand je travaille, je fais attention à ce que mon environnement soit hyper neutre.»

SUR L’ODEUR QUI L’ÉMEUT 

«Je suis attaché aux arômes d’été en bordure de la Méditerranée. Le maquis, avec ses odeurs de fleurs et de plantes aromatiques un peu séchées. Du thym, du ciste, de l’immortelle…»

SUR LES ODEURS QUI LUI APPORTENT DE LA JOIE 

«Les odeurs d’agrumes! Je trouve la bergamote, qui est pourtant une odeur assez commune, absolument magnifique. Elle est pétillante!»

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