Un produit de coloration vendu dans le commerce abîme-t-il davantage les cheveux qu’une teinture dans un salon de coiffure?

C’était probablement vrai du temps où le blond décoloré volait la vedette, mais ce n’est plus le cas maintenant. «Au cours des 10 dernières années, la technologie capillaire a beaucoup évolué», explique Denis Binet, coiffeur styliste et porte-parole de Clairol et de Pantene. Cela dit, les colorations en boîte doivent être efficaces sur tous les types de cheveux, des plus épais aux plus fins. Il est donc possible que leur teneur en composants chimiques soit plus élevée que celle des produits qu’utilise un coiffeur. Mais si on suit le mode d’emploi à la lettre et qu’on chouchoute nos cheveux avec des soins appropriés après la coloration, on réduit d’autant les risques de les abîmer.  

Quand devrait-on utiliser le henné?

Cette teinture végétale est un bon choix si on désire obtenir naturellement des reflets très cuivrés. Mais le henné a un gros inconvénient: en plus de ne pas couvrir les cheveux blancs, son usage empêche toute coloration par la suite. «Le henné gaine hermétiquement la fibre capillaire, si bien qu’aucun pigment chimique n’arrive ensuite à la pénétrer, révèle Eric Del Monaco. Sans compter que la plupart des marques de henné en vente libre n’ont plus grand chose de naturel, puisqu’elles contiennent des sels métalliques.» Or, ces sels sont souvent sans merci pour les cheveux: en réagissant avec les résidus des colorations chimiques précédentes, ils brisent parfois la fibre capillaire. Il ne faut pas hésiter à utiliser les colorants chimiques qui sont offerts sur le marché, car ils sont efficaces et peu nocifs. De plus, on peut jouer très facilement avec les nuances. Une fille avertie en vaut deux!  

Devrait-on choisir une coloration semi-permanente ou permanente?

La coloration semi- permanente, qui produit
un effet ton sur ton, contient un peu de peroxyde mais pas d’ammoniaque. Elle est parfaite pour rehausser notre couleur naturelle ou cacher nos premiers cheveux blancs, elle s’estompe au
fil des shampoings, sans
 que la repousse soit apparente. La coloration permanente, qui comprend de l’ammoniaque et du peroxyde, couvre tous les cheveux blancs et permet
de changer, et même de pâlir, notre couleur naturelle. Elle nécessite donc forcément
de retoucher les racines, au bout d’environ un mois.

Comment expliquer que le résultat d’une coloration à domicile n’est pas toujours aussi beau qu’au salon?

C’est plus une question d’expertise que de formule du produit. En dosant les pigments utilisés et en mélangeant au besoin plusieurs teintes, un coloriste professionnel arrivera à créer une couleur sur mesure, en parfaite harmonie avec notre teint et notre style. Mais, vu le large éventail de nuances offertes sur le marché, il est très facile d’obtenir un résultat satisfaisant à domicile… à une fraction du prix. La clé, c’est de choisir un ton assez proche de sa pigmentation capillaire naturelle et de respecter à la lettre le mode d’emploi sur la boîte. «Malheureusement, certaines femmes trop pressées ne prennent pas le temps d’appliquer leur couleur correctement et de la laisser agir assez longtemps», note Eric Del Monaco, coiffeur styliste et coloriste officiel de L’Oréal Paris.

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Peut-on éclaircir des cheveux déjà teints sans les décolorer?

Non! À ce sujet, les pros sont catégoriques: une coloration ne peut en pâlir une autre d’un coup de baguette magique. Ainsi, pour passer d’une teinture brune à du blond, un détour obligé par la décoloration s’impose. Une opération toujours un peu risquée, puisque les cheveux déjà colorés (et donc, un tantinet fragilisés) doivent ensuite être débarrassés de tout pigment. D’où l’intérêt de s’informer au moment d’acheter un produit colorant. «Même si les sirops pour la toux sont en vente libre, on n’hésite pas à demander conseil au pharmacien pour choisir celui qui nous convient, fait remarquer Denis Binet. On devrait avoir ce même réflexe quand on achète un colorant: se renseigner auprès des cosméticiennes, qui sont formées pour nous proposer le meilleur produit en fonction de nos cheveux et de leur teinte actuelle.  

Faut-il choisir un colorant enrichi d’huiles?

Jusqu’à tout récemment, seule l’ammoniaque réussissait à ouvrir suffisamment les écailles capillaires pour que la couleur s’y fixe… mais son action s’accompagnait hélas d’émanations pas vraiment agréables. Aujourd’hui, il existe des huiles qui permettent d’agir en profondeur et en douceur sur la tige capillaire, sans recours obligé à l’ammoniaque. «Dans les formules colorantes à l’huile, on utilise du monoéthanolamine (MEA), un agent alcalin inodore déjà présent dans les colorations ton sur ton», explique Keon Zhang, chef de groupe marketing pour Garnier Coloration. «Grâce à la technologie Oil Delivery System (ODS), le MEA est propulsé au cœur de la tige, pour que la couleur soit vive mais sans qu’elle agresse le cheveu.» Petit plus: ces huiles en profitent pour nourrir et lubrifier la chevelure. Résultat: la couleur est plus éclatante… et dure plus longtemps!  

Pourquoi certaines formules couvrent-elles entièrement les cheveux blancs et d’autres pas ?

Si on veut masquer tous nos cheveux blancs, la formule doit contenir de l’ammoniaque, un agent alcalin qui ouvre grand les cuticules pour que les pigments colorés puissent pénétrer dans la fibre capillaire. Autre composant essentiel: une bonne dose de peroxyde (eau oxygénée), qui éclaircit la teinte naturelle des cheveux afin d’assurer une coloration plus uniforme de la fibre capillaire. Les colorations semi-permanentes (sans ammoniaque et allégées en peroxyde) ne peuvent mener cette double mission, car leurs pigments ne se rendent pas jusqu’au cœur de la tige capillaire. Aussi, quand plus de 40 % de nos cheveux sont blancs, mieux vaut choisir des formules permanentes.  

Comment les shampoings, les revitalisants ou les masques capillaires conçus pour les cheveux teints peuvent-ils prolonger l’éclat de la coloration?

Le principal ennemi de la couleur, c’est l’eau! «Les soins pour les cheveux colorés sont formulés pour créer un maillage protecteur autour de la fibre capillaire, afin d’y garder plus longtemps captifs les pigments de couleur», explique Keon Zhang. L’eau de rinçage aura alors beaucoup de mal à les diluer! Ces soins préservateurs de couleur contiennent aussi des ingrédients actifs contre la sécheresse et le manque d’éclat. «En plus d’utiliser un shampoing et un revitalisant pour les cheveux colorés, on a intérêt à se faire un masque nourrissant une fois par semaine, recommande Eric Del Monaco. Ce traitement hydrate la chevelure en profondeur, luttant ainsi contre l’aspect revêche que peuvent afficher les pointes au fil des semaines.»  

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