Qu’est-ce qui vous a amené à la parfumerie?

En 1968, j’ai visité le Maroc. J’y ai vécu un véritable choc olfactif. Les odeurs, les matières, les atmosphères: tout a pris un sens à mes yeux. C’est là que j’ai commencé à ra masser des bouts de bois, des morceaux d’ambre et de cire. C’est également là que j’ai appris à reconnaître les odeurs et, surtout, à les aimer; puis, à les associer.

Comment avez-vous appris votre métier?

Au début des années 1980, j’ai obtenu un contrat avec Shiseido. Ils m’ont demandé si je pouvais créer un parfum. Comme c’était la première fois que j’approchais le monde de la parfumerie, j’étais un peu timide et impressionné. Vous savez, je suis autodidacte. J’ai fait de la photographie, du cinéma, du maquillage, et un nombre incalculable de choses avec un sens de l’image et de la beauté, mais jamais dans la perspective d’une profession. Disons que ces métiers, je les ai inventés; je les avais sur le bout des doigts, comme j’ai le parfum au bout du nez. Le seul métier que j’ai vraiment appris, mais pour m’en défaire, c’est la coiffure dans les années 1950.

Qu’est-ce qu’un parfum pour vous?

C’est un accord entre une matière et soi-même; et des accords qui se reconstituent dans notre mémoire. Par exemple, pourquoi j’aime le cèdre? Ce n’est pas tant ce bois qui m’intéresse, mais plutôt le souvenir d’être passé des dizaines de fois devant des petites échoppes de menuiserie [NDLR: au Maroc] lorsqu’il faisait soleil et que les gens me souriaient. C’est cette ambiance qui m’émouvait et que j’ai voulu reconstituer. Ce qu’il y a de magique avec le parfum, c’est le moment où l’on se dit: «Mais oui, c’est moi! C’est ce que je cherchais depuis 10 ans ou 20 ans et que j’ai enfin trouvé!»

Une odeur qui vous émeut particulièrement?

Je suis attiré par les odeurs qui semblent répulsives au premier abord ou même terribles, parce qu’elles évoquent nos peurs et nos régressions.

Quelles sont vos matières premières de prédilection?

La richesse d’une matière est souvent la sève qu’elle contient. Je suis très sensible à celles qui ont une sève collante, grasse et riche. C’est ce qui va lier le parfum.

Quel parfum portez-vous?

Je me reconnais dans tous les parfums ambrés. Je teste mes créations en les portant mais, autrement, puisque je travaille, je ne me parfume pas. Par contre, lorsque je me fais beau pour aller à une fête, je verse la bouteille sur moi! 

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Les fragrances préférées de Serge Lutens

 

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Ambre Sultan

«C’est un parfum riche, musqué, extrêmement sensuel sur la peau, et en même temps  lumineux, avec un mélange de cyste, de baume du Pérou, de benjoin et d’ambre.»

 

 

 

 

 

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Féminité du bois

«Celui-là a bouleversé les règles de la parfumerie: j’utilisais du bois dans une fragrance féminine, et il y en avait 60 %. C’est énorme!»

 

 

 

 

 

 

 

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Serge Noire

«Je considère que c’est ma création la plus forte depuis Féminité du Bois. Ce sont des atmosphères d’étoffes, de bois précieux, de notes légèrement animales et d’essences brûlées qui forment un parfum riche et poudré.»

 

 

 

 

 

 

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Fleur d’oranger

«Je voulais créer quelque chose d’époustouflant avec cette fabuleuse fleur blanche, très riche, très confite.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parfums Serge Lutens: de 110 $ à 135 $ le 75 ml, exclusivement chez Ogilvy.

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